Hors collection - La gouvernance financière des villes au Maroc et en France - 61

MOHAMED CHERKAOUI

Cette évolution s'accompagne d'une inversion de la pyramide des âges
qui implique une poursuite de la forte pression sur le marché de l'emploi.
Les effectifs de la population en âge de travailler (les 18-59 ans) atteindraient
23 millions en 2030, soit une évolution annuelle de 236 000 personnes. Ce
potentiel d'actifs est en grande partie déjà né ; il vit en majorité en milieu
urbain et a, partiellement, déjà reçu la formation qui lui permettra ou non
de s'insérer dans l'économie de demain.
Simultanément, et comme conséquence de l'amélioration du niveau de
l'espérance de vie qui atteindra selon toute probabilité les 77 ans en 2030,
le vieillissement de la population s'accentuerait. L'effectif des personnes
âgées de 60 ans et plus s'élèvera à presque 6 millions en 2030, et le ratio
personnes âgées par actif potentiel, qui était de 1,6 pour 10 en 2005, serait
de 3 pour 10 en 2030. Cette tendance peut être source de précarité et de
pauvreté, particulièrement pour les personnes âgées non couvertes par un
système de protection sociale.
Toutefois, le Maroc pourrait bénéficier d'une particularité de sa transition
démographique liée à la baisse de la part des jeunes dans sa population.
Ainsi, l'effectif des jeunes (0 à 15 ans) baisserait de 8 millions en 2005 à près
de 7 millions en 2030, et leur poids démographique diminuerait de 30 % à
environ 21 %. Il en est de même pour la proportion de la population potentiellement scolarisable du préscolaire au supérieur (3-22 ans) qui passerait
de 42 % en 2005 à 28,6 % en 2030, ce qui pourrait constituer une chance
pour repenser le système d'éducation et de formation.
***
Je voudrais terminer cet exposé sommaire en rappelant six types de
problèmes urbains auxquels le Maroc fera face. Je laisse de côté ceux que
j'ai signalés plus haut.
1. La première leçon la plus fondamentale que l'on est en droit de déduire
de l'évolution de l'urbain est que l'État a subi et subit encore l'urbanisation. Le logement clandestin et sa croissance non maîtrisée en est un
des aspects. Les efforts pour l'éradiquer commencent à donner quelques
résultats heureux mais ils sont encore loin d'avoir atteint les objectifs.
La planification urbaine, dont la conséquence voulue est de résoudre
rapidement, à tout prix, la crise du logement et d'éradiquer les bidonvilles,
n'est pas sans avoir des conséquences inattendues et non voulues dans une
ou deux décennies. Il est vraisemblable que nous connaîtrons des problèmes
identiques à ceux que connaissent certains pays, dont la France, en raison
de leur ghettoïsation ou de ce que Manuel Valls, l'actuel Premier ministre
français, qualifie d'apartheids, qui risquent de se métamorphoser en zones

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