Hors collection - La gouvernance financière des villes au Maroc et en France - 66

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RAPPORT INTRODUCTIF

zones urbaines qui sont en général construites en des lieux particulièrement
vulnérables (Pauleit et al. 2015).
On n'ignore pas les déséquilibres entre l'expansion rapide de la
population urbaine et le développement nécessaire des services de base et de
l'économie urbaine capable de produire de l'emploi adéquat. Le problème
est aggravé par la faiblesse des structures gouvernementales urbaines aux
capacités très limitées pour stimuler la croissance économique, la mobilisation des ressources et de fournir les services les plus élémentaires. Partout,
on constate que, nonobstant des avantages, la mondialisation a amplifié
la destruction des petites et moyennes entreprises et la tendance vers la
paupérisation d'une population non qualifiée, en ouvrant notamment le
marché intérieur à la concurrence extérieure sans préparation et sans mise
à niveau qui demandent un temps relativement long. C'est là sans doute
l'une des explications de la montée de partis politiques nationalistes et
d'idéologies que l'on croyait à jamais disqualifiées.
***
L'une des conclusions générales que l'on est autorisé à déduire des
analyses précédentes est l'homogénéisation croissante de la société
marocaine dont les comportements des sociétaires tendent progressivement vers ce qu'il est convenu d'appeler le modèle caractéristique de la
modernité. Sur le plan démographique, on note une similitude graduelle
des décisions des familles, du choix de leur descendance en nombre et en
qualité, de l'état sanitaire des Marocains, de leur destin devant la maladie et
la mort, de leur espérance de vie. Les émigrations intérieures et extérieures,
l'urbanisation intensive et soutenue avec ses bienfaits et ses maux, l'impressionnant progrès et diffusion des techniques de communication cellulaires
de ces deux dernières décennies, battent en brèche les barrières, réduisent les
autarcies et uniformisent quotidiennement les îlots humains. Je montrerai
ailleurs qu'il en est ainsi de l'économique, du social comme de la sphère
des normes et valeurs (Cherkaoui 2017). Dans la sphère de l'économie, on
observe des phénomènes similaires, notamment une mobilité professionnelle sans précédent vers les secteurs modernes, particulièrement le tertiaire,
la tendance de la consommation vers des modèles occidentaux qui couvre
le spectre le plus étendu, du type d'habitat aux dépenses des ménages. Sur
le plan social, on remarque que, si, en dépit des progrès de la scolarisation
qui touche tous les milieux, les Marocains restent très fortement attachés
à des normes sociales traditionnelles, ils partagent néanmoins de plus en
plus quelques valeurs essentielles qui définissent la modernité.
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