L'individualisation de la réparation du préjudice corporel pour nous protéger de la violence du réel sont absents ou encore embryonnaires. Ainsi, il n'est pas un fait de l'enfance, aussi anodin soit-il, qui ne soit susceptible de produire des conséquences en chaîne très importantes dans la psyché. Nous savons que la disproportion entre la cause et l'effet peut être telle qu'une phrase prononcée au détour d'une conversation par un parent ou un proche peut avoir des conséquences considérables sur cette psyché en pleine formation et produire des déséquilibres psychiques. Ce sont parfois ces « micro évènements » (en apparence) que les psychiatres se chargeront plus tard d'exhumer. C'est ainsi souvent dans les interstices laissés par l'éducation, faits anodins, paroles en apparence innocentes, que se constitue une part importante de ce que sera l'enfant. Le règne de la contingence étend parfois ainsi son empire au creux de notre éducation et de notre développement. La raison fondamentale de cela tient en ce que la personnalité de l'enfant se réorganise à chaque moment dans l'immanence du vécu. Il ne peut médiatiser en effet ce qui lui advient sans cesse par la stratégie de mise à distance qui est celle que nous déployons naturellement pour nous séparer de ce qui nous arrive ; cette mise à distance étant précisément conditionnée par la formation d'une personnalité structurée, fruit d'une expérience du monde que l'on a précisément appris à distinguer de soi. Ce mécanisme ici décrit n'est pas sans lien avec les facultés adaptatives qui sont celles de l'enfant, facultés qui supposent précisément une certaine 247