Penser la blessure la fin de l'antique séparation entre les activités manuelles jugées viles et les activités intellectuelles jugées nobles107. La Renaissance poursuit cette évolution d'une réhabilitation du travail. Elle apporte un élément qui sera déterminant dans l'élaboration progressive de cette valeur sociale du travail qui sera la nôtre. Le travail est en effet perçu dans sa dimension créatrice en s'associant analogiquement à la création artistique et se détache donc de plus en plus de l'idée d'une besogne vile et humiliante. La Réforme quant à elle participe également à la lente élaboration de ce qui deviendra notre conception du travail comme valeur sociale. Tout d'abord, il faut se souvenir que Luther critiqua la trop grande importance accordée selon lui par l'Église à la charité et aux bonnes œuvres, dans la mesure où la charité entretiendrait la pauvreté et la paresse. Ensuite, l'activité professionnelle se voit attribuer le rang de vocation et constitue une des voies éminentes pour accéder au salut. On ne peut également faire l'économie de l'apport des philosophes des Lumières et des penseurs du XVIIIe siècle qui souvent défendent la nouvelle société industrielle en fustigeant l'oisiveté de l'aristocratie. Ainsi Voltaire écrit dans sa correspondance, le 8 décembre 1760, que « plus on vieillit, plus il faut s'occuper ; il vaut mieux mourir que de traîner dans l'oisiveté une vieillesse insipide : 107. Il faut préciser cependant que jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, les activités de négoce vont néanmoins conserver cette mauvaise réputation héritée de l'Antiquité, expliquant le mépris affiché par la noblesse vis-à-vis de la bourgeoisie montante, ainsi que la condamnation du prêt à intérêt au titre de revenu acquis sans travail. 402