Préface « L 'homme est un apprenti, la douleur est son maître », prétendait Musset. On ne sait si l'expérience de la blessure est de nature à édifier la victime au point de passer pour une pédagogie de l'existence, mais force est bien en tout cas de convenir qu'elle apporte son lot de perturbations diverses - elle est littéralement un « chaos » - que le droit s'efforce d'appréhender au plus près sous la férule imposante (envahissante ?) de l'expertise médicale. Si ce regard dual - médecin/juriste - paraît indispensable, on peut légitimement douter que ces deux paires d'yeux puissent garantir la complétude et l'acuité indispensables du regard sur le dommage et ses conséquences plurielles. Des livres comme celui de Jean-Baptiste Prévost fournissent justement l'occasion de s'extraire un peu de ce dialogue médico-légal et, selon son bel intitulé, de « penser la blessure ». Envisager le dommage corporel autrement que comme une donnée clinique justiciable d'une réponse juridique, telle est bien l'une des louables ambitions de l'ouvrage. Ne nous y trompons pas toutefois : pas question pour l'auteur de se borner à un regard philosophique, condescendant et jargonnant du haut de son Olympe. Si ce n'est une lecture 5