Penser la blessure Sur un plan philosophique, la réparation s'autorise également d'une longue histoire, et c'est notamment chez Aristote que l'on pourra trouver les prémisses fondatrices de cette notion. 2. Les sources conceptuelles : dommage et réparation chez Aristote et Saint Thomas L'interrogation sur le sens et la portée de la réparation intégrale incite à ce que l'on remonte à la racine de l'idée même de justice. On sait que l'idée même de réparation se rattache à la notion d'équité. La réparation intégrale trouve ainsi plus précisément son fondement philosophique dans l'idée d'une justice corrective ou commutative, par opposition à la justice distributive, distinction que l'on trouve chez Aristote et dont la vitalité s'atteste par la permanence de son emploi encore aujourd'hui, aussi bien en droit qu'en philosophie. C'est plus précisément dans la cinquième partie de l'Éthique à Nicomaque que nous trouvons en effet les distinctions décisives qui définissent le concept de justice en lui apportant un contenu rigoureux. L'analyse du concept de justice s'opère en une succession de distinctions qu'il convient de reprendre. Tout d'abord, Aristote distingue entre la justice universelle et la justice particulière. La justice conçue comme universelle constitue une « vertu finale ». La justice est la vertu suprême qui donne son achèvement ultime à toutes les autres vertus, précisément en ce qu'elle est par essence « rapport à autrui » ; elle sert en effet les intérêts d'un autre que nous, tandis que nombre de vertus peuvent ne 64