252 L'ÉPREUVE DE DROIT PUBLIC À L'ENA ET L'INET En deuxième lieu, dans le souci de permettre l'expression de toutes les parties prenantes à l'affaire, il serait souhaitable de donner aux éditeurs des sites dont le déréférencement est demandé la possibilité de faire valoir leurs observations. Cet échange contradictoire aurait notamment pour intérêt de permettre à l'exploitant de procéder à une évaluation plus fine des intérêts telle que requise par l'arrêt Google Spain. Enfin, à plus long terme, l'application du droit à l'oubli pourrait s'étendre aux réseaux sociaux. Si un raisonnement similaire à celui de l'arrêt Google Spain était retenu, les internautes verraient le droit à l'oubli prendre une nouvelle dimension pratique. Sur le long terme, les débats autour du droit à l'oubli reflètent une évolution sociétale plus large à accompagner. La maîtrise de ses données personnelles doit être enseignée dès le plus jeune âge grâce à l'éducation numérique (par exemple avec le « permis internet » pour les enfants de CM2 lancé à la fin de l'année 2013). Les mineurs doivent également faire l'objet d'une attention particulière. La Californie a mis en place depuis 2015 un droit à l'oubli numérique pour les mineurs leur permettant d'obtenir la suppression de leurs données quelle que soit leur nature. Ce dispositif a notamment été repris par la loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique. Le droit au déréférencement des moteurs de recherche est une évolution majeure en matière de protection des données personnelles : consacré dans son principe, sa mise en œuvre doit être précisée afin d'en garantir la portée effective, notamment dans un champ géographique pertinent et dans un juste équilibre avec la liberté d'expression.