Les algorithmes sont-ils devenus le langage ordinaire de l'administration ? Danièle Bourcier Directrice de recherche émérite CNRS Primavera De Filippi Chargée de recherche CNRS CERSA-CNRS De l'ensemble des interrogations que soulève le Code des relations entre le public et l'administration (CRPA)1, nous retiendrons les articles qui concernent les algorithmes2, pour discuter du nouveau type de langage que pourrait désormais utiliser l'administration pour communiquer avec son public. Les applications d'intelligence artificielle au droit et à l'administration ne sont pas nouvelles, mais elles connaissent un réel essor principalement en raison de deux facteurs : les masses de données accessibles (Big data) et l'usage d'algorithmes de plus en plus sophistiqués pour les traiter. Ce qui pose des défis majeurs par rapport aux technologies des années 1980, c'est la grande opacité de ces nouveaux systèmes d'aide à la décision pour les citoyens auxquels ils s'adressent. Les algorithmes sont des instructions exprimées en langage mathématique fort éloignées de ce qui caractérisait la logique juridique et administrative depuis des décennies. Le principe de transparence dans l'action administrative (fondée sur la règle de droit) est donc reposé en d'autres termes pour satisfaire cette exigence 1. Ce code a été très consulté : si l'on prend les chiffres fournis par le Journal officiel, on notera qu'en 2016, le code a été téléchargé 4 000 fois et que le sommaire a eu 160 000 visites et près d'un million de pages consultées (au 24 juin 2017). Ces chiffres montrent qu'il a beaucoup plus intéressé le public et l'administration que les autres codes, si l'on en juge par les chiffres de téléchargement. 2. CRPA, art. L. 311-3-1 et L. 312-1-3.