Droit et Économie - Régulation et jeux d'argent et de hasard - 251

MAINTENIR LES DIFFÉRENTS OBJECTIFS FIXÉS PAR LA LOI 251

Le premier axe est le rapprochement entre le jeu d'argent et le jeu vidéo.
Les compétitions d'e-sport avec sacrifice financier, désormais autorisées
depuis la loi du 7 octobre 2016 dite pour une République numérique, ne
s'éloignent guère dans l'esprit des tournois de bridge ou de pêche. Cependant, l'intérêt des opérateurs de jeux d'argent traditionnel pour les compétitions d'e-sport est fort. Par exemple, l'entreprise spécialisée dans l'organisation de ces compétitions Webedia a noué en 2017 des partenariats avec La
Française des jeux et le Groupe Barrière. Le PMU a lancé son département
e-sport afin de se positionner sur ce marché comme fournisseur de données
et de statistiques relatives aux compétitions. Le groupe Partouche a créé le
Partouche Lab, centre de développement de jeux destiné à attirer les jeunes.
Ceci montre comment la frontière entre jeux vidéo et jeux d'argent peut se
trouver fragilisée. Or les compétitions d'e-sport posent de nombreux défis,
en particulier en termes de protection des mineurs, ces derniers étant un
des publics cibles des développeurs de jeux vidéo et des organisateurs de
compétitions, et de sécurité des opérations de jeux. Leur possible extension
sur Internet accroîtrait les risques en termes d'intégrité des opérations de
jeu (collusion, jeu des robots, manipulation du matériel de jeu), de jeu des
mineurs (accès via le compte de leurs parents) et de jeu problématique (via
l'addition des caractères addictifs du jeu vidéo et du jeu d'argent). Il existe
même une demande d'ouverture des paris sur ces compétitions, ouverture
qui a déjà eu lieu dans plusieurs pays européens (Danemark, Espagne, Italie,
République tchèque, Slovénie et Royaume-Uni).
Un autre phénomène soulève des questions d'appréciation des frontières :
celui du casual game, sorte de jeux vidéo simplifiés, massivement pratiqués,
notamment par les 18-35 ans qui tendent de ce fait à se détourner du jeu
d'argent « classique », et dont l'accès est de prime abord gratuit. Cependant,
la présence d'options payantes et la tentative de certains opérateurs, en particulier La Française des jeux, de « gamifier » leurs jeux font que cette pratique constitue de plus en plus une porte d'entrée vers le jeu d'argent.
Le développement d'une offre de jeu illégale à partir de ces supports est
également un risque prégnant. Là encore, l'encadrement requiert l'attention de diverses autorités de l'État, tant au titre de l'ordre public que de la
santé publique.
Un second axe est le rapprochement entre jeux d'argent et transactions
financières. On observe en effet le développement de mode de prises de
paris se rapprochant des opérations boursières. Ainsi en est-il du « betting
exchange », avec lequel le parieur choisit lui-même sa cote et vend son pari
sur un marché, prenant ainsi le rôle de bookmaker en plus de celui de
joueur. À l'étranger, ils figurent notamment parmi l'offre de Betfair et
PaddyPower. Encore plus proche des produits financiers, on observe la
montée en puissance, en particulier au Royaume-Uni, du « Spread Betting »

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