Hors collection - Les lanceurs d'alerte - 87

ÉRIC oLSZAK

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peut comprendre pourquoi certains salariés estimant avoir une bonne situation au sein d'une entreprise en même temps que d'être respectés par leurs
supérieurs pourront vouer à ces derniers une fidélité sans faille les incitant
au silence alors qu'ils ont connaissance, notamment lorsqu'ils atteignent des
postes à responsabilités, d'un certain nombre de dérives dans la gestion quotidienne de cette dernière. Dans ces conditions, peut-on conclure qu'un salarié
choisirait systématiquement le silence par loyauté plutôt que de lancer l'alerte
face à des faits internes à l'entreprise et par ailleurs gravissimes ? Lors de ces
mêmes travaux, Schein met en avant le fait que lorsque certains éléments du
« contrat psychologique » sont rompus alors les salariés réagissent plus ou
moins brutalement à cette situation en manifestant leur mécontentement !
Le choix de quitter l'entreprise, une moins grande motivation à effectuer
les tâches quotidiennes, mais aussi et peut-être l'envie de faire connaître au
public, un certain nombre de pratiques jugées « douteuses » voire « scandaleuses » en constituent des exemples particulièrement illustratifs. L'exemple
d'Edward Snowden, ancien employé de la NSA et qui a dénoncé les différents programmes d'écoutes des conversations privées développés par son
employeur, semble particulièrement emblématique de ce phénomène de
rupture du « contrat psychologique ». Malgré le fait qu'il travaillait pour
un organisme où le secret demeure une exigence quotidienne, malgré le fait
que ces révélations pouvaient porter gravement atteinte à la sécurité nationale, Snowden estimant que ces pratiques dépassaient le simple cadre d'une
protection élémentaire des États-Unis en portant directement atteinte à la vie
privée de chacun, choisissait de lancer l'alerte au nom du respect des libertés
fondamentales. Malheureusement pour lui, la loi Sarbranes-oxley exclut
de son champ d'application le domaine relevant de la sécurité nationale le
condamnant, de fait, à l'exil.
Concernant l'« ancrage de carrière », il implique que l'individu soit conscient
de ses capacités personnelles en les utilisant pour évoluer au sein de l'organisation, en fonction des valeurs qui l'habitent et de son adéquation avec celles
de l'entreprise. Dans cette optique, on peut penser qu'à chaque fois qu'un
individu pense faire une brillante carrière dans l'entreprise à condition que
les valeurs de celle-ci ne soient pas en totale contradiction avec sa manière de
penser alors la probabilité qu'un jour, il dénonce un fait contraire à la morale
demeure très faible. Une fois encore, le souhait de passer à l'acte dépend de
chaque individu ; on peut imaginer également qu'un individu estime que les
actes de ses supérieurs doivent être dénoncés si ceux-ci mettent en danger
l'existence même de l'entreprise. L'éventuelle condamnation des dirigeants
est susceptible de libérer plus rapidement des places et de propulser ainsi le
lanceur d'alerte vers les postes de direction.
Si l'analyse poussant les lanceurs d'alerte à se révéler au grand jour est intéressante, le regard de l'économiste ne peut faire abstraction des conséquences
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