Contextes - Littératures populaires du droit - 142

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LITTÉrATureS POPuLAIreS Du DrOIT

I - LE SOUHAIT D'UN JOURNAL DÉMOCRATIQUE
ABANDONNÉ À UNE LOGIQUE DE L'ENTRE-SOI
Lorsqu'il apparaît en 1883, le Droit Populaire affirme sa différence
parmi la littérature populaire déjà consacrée à l'objet juridique. D'un
côté, la presse périodique compte essentiellement des feuilles judiciaires,
qui s'intéressent à l'activité des tribunaux sur un ton sensationnaliste
caractéristique41. De l'autre, les maisons d'édition font paraître, depuis le
Second empire, quantité de guides pratiques plus ou moins spécialisés, qui
s'attachent essentiellement à exposer par des mots simples, la législation
applicable à un objet plus ou moins précis42. Le journal, support alors en
pleine extension, dont le vote de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de
la presse conduira l'âge d'or à son acmé43, ne s'est donc pas encore véritablement aventuré à l'explication du droit applicable. Pourtant, il apparaît
comme un support tout à fait pertinent, afin de diffuser des notions juridiques de manière démocratique. Moins coûteux qu'un livre, il se prête à la
curiosité, et même à l'échange entre les lecteurs, les numéros pouvant passer
de mains en mains. en outre, son caractère périodique, et donc succinct,
ne dégoûtera pas le lecteur, de même que traitée avec légèreté et variété,
41. Certains journaux sont en effet spécialisés dans la chronique judiciaire. Le plus
emblématique d'entre eux est sans doute la Gazette des tribunaux. Par exemple, cf. Anne
Durepaire, « Les drames conjugaux à la fin du xixe siècle dans la « Chronique » de la
Gazette des tribunaux », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, tome 116, n° 1 (2009),
pp. 911-919. Néanmoins ce genre est très présent, notamment dans la presse quotidienne,
qui lui dédie généralement une rubrique spéciale. Sur le rôle de la chronique judiciaire dans
la formation de l'image de la justice ainsi que sur son évolution en marche, cf. Anne-Claude
Ambroise-rendu, « Le chroniqueur, la justice et l'opinion publique : les faits divers à la
fin du xixe siècle », Histoire de la justice, n° 20 (2010), pp. 69-80 ; Frédéric Chauveau,
« « Voir vite et juste », la nouvelle chronique judiciaire (1880-1940) », Histoire de la justice,
n° 20, op. cit., pp. 81-91 ; Virginie Lefebvre, La justice illustrée. La justice dans les journaux
illustrés de la troisième République (1890-1914), Thèse d'histoire du droit sous la direction
de Serge Dauchy, université Lille 2, 2017.
42. Par exemple, cf. emile Benoît, Manuel de la législation française à l'usage de tout le
monde, comprenant un précis de droit civil, du droit commercial, de la procédure, du droit
criminel et du droit administratif, avec l'explication des nouvelles lois et les formules de tous
les actes usuels, Larose, 1876.
43. Celui-ci débute dans les années 1830. emile de Girardin renouvelle à cette époque, le
modèle de diffusion de la presse. Puisant désormais une grande partie de leurs revenus dans
la vente de leurs annonces, les journaux voient leur prix chuter et leur diffusion s'en accroît
considérablement. Après une période peu favorable, l'arrivée des républicains au pouvoir
favorise un nouvel essor, si bien qu'entre 1867 et 1880, le seul nombre de quotidiens passe
de 78 à 250. Cf. Claude Bellanger, Jacques Godechot (dir.), Histoire générale de la
presse française, Tome II, Presses universitaires de France, Paris, 1969 ; Claude Bellanger,
Jacques Godechot, Pierre Guiral, Histoire générale de la presse française, Tome III,
Presses universitaires de France, Paris, 1972.
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