Contextes - Littératures populaires du droit - 146

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LITTÉrATureS POPuLAIreS Du DrOIT

est aisé de s'imaginer que pour donner vie à son journal juridique, Léonel
Oudin regroupe des personnes de sa connaissance, dont la plupart sont au
moins initiées aux mystères du droit. La dominante peut ainsi être attribuée à des juristes, parmi lesquels la présence du médecin rossiény, fait
probablement figure d'exotisme57. L'analyse du fond du journal ne fait
d'ailleurs que confirmer ces soupçons car le propos demeure d'une réelle
teneur juridique. enfin, le fond radical du journal, implique une sensibilité
républicaine partagée, et donc la croyance en les vertus de l'éducation,
que l'on souhaite désormais diffuser dans les couches populaires. Léonel
Oudin s'attache ainsi les compagnons qui l'épauleront dans son œuvre de
vulgarisation. Pour ce faire, on tente alors d'élaborer une méthodologie
particulière, qui permettra à l'homme du peuple d'assimiler les notions et
mécanismes juridiques. Conscients de ce que la complexité, voire l'austérité
du langage juridique, constitue la principale barrière à la compréhension
et à l'utilisation du droit par les couches les plus modestes, également les
moins instruites, les auteurs du Droit Populaire s'efforcent de rapprocher
leur publication d'un journal classique. Autrement dit, ils font en sorte que
sa lecture apparaisse comme un compromis entre distraction et information. À cet effet, ils s'interrogent tout d'abord sur le plan qui devra être le
sien, puis sur leur manière de construire le discours.
Le plan, pour ainsi dire invariant d'un numéro à l'autre, répond bien
à cette volonté d'enseigner tout en distrayant. L'éditorial, souvent de
la plume du directeur de rédaction, traite le plus souvent un sujet juridique sous un angle politique. Ce peut être un sujet imposé par l'actualité
brûlante, comme celui du divorce au lendemain du rejet de la proposition de loi déposée par le député Alfred Naquet58, ou tout simplement
un aspect de la législation actuelle, pour lequel on propose des modifications. C'est le cas de l'imposition des dommages et intérêts obtenus en
justice, exigée par le fisc avant même que le plaideur ne reçoive les fonds59.
La même volonté de lier droit et politique se retrouve d'ailleurs dans les
quatrième et cinquième rubriques, nommées « Critiques et réformes » et
« Lois nouvelles ». Ces rubriques se rapprochent par conséquent de la
presse politique. La deuxième rubrique est quant à elle très proche de la
chronique judiciaire la plus classique. Le rédacteur y présente quelques
affaires, principalement criminelles, récemment jugées par les tribunaux et
qui concentrent des caractéristiques émotionnelles. Ainsi, la condamnation
d'un homme ayant embrassé en pleine rue une vieille dame anglaise sans

57. en tant que simple administrateur, celui-ci n'écrit d'ailleurs aucun article. Son souci
semble d'ailleurs se limiter aux finances de la société.
58. Léo, « Le divorce », Le Droit Populaire, 1881/02/26 (n° 9), p. 97.
59. Léo, « Les iniquités fiscales », Le Droit Populaire, 1881/05/14 (n° 20), pp. 185-186.

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