Contextes - Littératures populaires du droit - 55

APerçuS DeS LITTÉrATureS POPuLAIreS Du DrOIT

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Juriste expérimenté et membre très actif de différentes congrégations
pontificales, de Luca avait étudié le droit à Naples. Il exerça la profession
d'avocat pendant une trentaine d'années, initialement à rome. entre 1669
et 1673 il avait publié, en latin, son ouvrage majeur en quinze livres et
quatre suppléments, le Theatrum veritatis ac iustitiae, un recueil de plus
de deux mille cinq cents consultations juridiques dans les domaines du
droit civil, droit canonique et droit féodal. Cet ouvrage était issu de son
expérience professionnelle et de son savoir doctrinal. D'ailleurs, dans son
cabinet d'avocat à rome, il y avait une très riche bibliothèque juridique.
De plus, le cabinet et la bibliothèque étaient fréquentés par de nombreux
collaborateurs et stagiaires et devaient devenir non seulement un lieu de
travail, mais aussi un lieu de discussion juridique et politique et de formation pour plusieurs jeunes juristes11.
Le Theatrum sortait de cette ambiance intellectuelle vivace et il était
de même pour le Dottor Volgare, qui puisait dans les pages en latin de
l'ouvrage précédent du futur cardinal, mais avec un esprit différent et une
sensibilité accentuée pour la dimension quotidienne de la vie juridique.
Dans le « Proemio » du Dottor Volgare, de Luca observait notamment
comme le monde du droit de son temps utilisait deux langues, l'une naturelle et commune à tous (la langue vulgaire), l'autre étudiée et apprise
avec application, connue seulement par les hommes de lettres (la langue
latine). D'un point de vue général, son effort d'écrire en langue vulgaire fut
considérable, ainsi que son attention constante pour la pratique du droit
de son temps12.
S'agissait-il d'un premier exemple de littérature populaire du droit ?
Cela dépend de ce qu'on entend par l'adjectif « populaire ». Assurément
l'emploi de la langue vulgaire fut critiqué par certains collègues juristes
de de Luca, tandis que le succès de son œuvre chez son public d'élection,
courtois et cultivé, fut immédiat et durable. Évidemment, « populaire » ne
signifiait pas « pour tout le monde », mais signifiait « non-professionnel ».
Dans ce sens, le Dottor Volgare était un instrument de divulgation, voire
de vulgarisation de connaissances juridiques auprès d'un public d'administrateurs et gouverneurs.

lettere ed arti, Ottava appendice, P. Cappellini, P. Costa, M. Fioravanti, B. Sordi (dir.),
roma, 2012, p. 177 et s. ; I. Birocchi, e. Fabbricatore, « De Luca, Giovanni Battista »,
in Dizionario biografico dei giuristi italiani (XII-XX secolo), I. Birocchi, e. Cortese,
A. Mattone, M. N. Miletti (dir.), vol. I, Bologna, 2013, p. 685-689.
11. Mazzacane, « De Luca, Giovanni Battista », passim.
12. G. B. de Luca, Il Dottor Volgare, roma, 1673, Proemio, cap. I, nn. 20-21, p. 18,
in P. Fiorelli, « Introduzione » a G.-B. de Luca, Se sia bene trattare la legge in lingua
volgare, Firenze, 1980, p. 24.
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