Contextes - Littératures populaires du droit - 9

LA LITTÉrATure POPuLAIre Du DrOIT eXISTe-T-eLLe ?

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sociale organisée à son encontre ou encore, plus simplement, planifier son
activité professionnelle et personnelle pour que ses actes produisent les
effets qu'il souhaite5.
en marge du savoir des juristes, il y a donc un savoir portant sur le droit
qui est l'affaire du grand nombre. Or, ces connaissances juridiques, même
minimales ou approximatives, ne proviennent pas seulement de l'éducation ou des pratiques professionnelles. elles sont également le fruit de
la lecture de publications diverses qui, justement, s'adressent à ceux qui
n'ont ni l'envie, ni le temps, ni la compétence de se saisir du droit tel qu'il
est présenté aux juristes. Pour ces « profanes », une foule d'ouvrages sont
publiés car les maisons d'édition ont bien compris qu'il y a en l'occurrence un marché6. Aux désirs d'un lectorat nombreux, des éditeurs et des
auteurs - juristes ou non-juristes - vont répondre par la production d'une
littérature ciblée et formatée. Qu'elle remplisse son office (de diffusion du
droit) ou non n'est d'ailleurs pas la question qu'il convient dès l'abord de
poser. Qu'elle soit de qualité ou non n'est pas non plus un élément central.
Le fait qu'elle existe et qu'elle soit abondante suffit à retenir la curiosité de
l'historien du droit qui souhaite ainsi sortir des sentiers battus des bibliothèques juridiques et entrer dans un autre monde trop souvent délaissé,
alors même qu'il est majoritaire et déterminant de ce que tout un chacun
a pu savoir du droit à un moment donné, dans un lieu donné.
On ne saurait dès lors se contenter du vide historiographique actuel
et il nous a semblé intéressant de se pencher sur ce continent inexploré.
Profitant du vaste chantier scientifique actuel que constitue le courant Law
and Literature7 ou, plus précisément, du droit comme littérature8, nous
5. Pour un exemple d'instrumentalisation politique et sociale du droit, v. L. Israël, L'arme
du droit, Paris, Presses de Sciences Po, 2009. Pour une illustration très contemporaine,
v. Collectif CADeCOL, e. escondida et D. Timélos, Face à la police / Face à la Justice.
Guide d'autodéfense juridique, Paris, Syllepse, coll. Arguments et mouvements, 2016, 2e éd.
6. V. principalement J.-Y. Mollier, Michel et Calmann Lévy ou la naissance de l'édition
moderne (1836-1891), Paris, Calmann-Lévy, 1984 ; L'Argent et les lettres. Histoire du capitalisme d'édition (1880-1920), Paris, Fayard, 1988 ; Louis Hachette, Paris, Fayard, 1999. Add.
A. Vaillant, « Pour une histoire de la communication littéraire », Revue d'histoire littéraire
de la France 103, n° 3, 2003 ; A. Vaillant, « Copernic, la littérature et le xixe siècle », Lieux
littéraires / La Revue, n° 1, 2000, p. 169-85 ; « Du bon usage du concept de légitimité : notes
en marge de l'histoire littéraire du xixe siècle », Lieux littéraires / La Revue, n° 5, 2003,
p. 75-97 ; A. Vaillant, « Le roman au xixe siècle ou la littérature-livre », en collaboration
avec Éric Térouanne, Revue d'histoire du xixe siècle, n° 19, 1999, p. 15-34.
7. Pour un exemple de travaux français récents, v. N. Dissaux, Balzac. Romancier du
droit, Paris, LexisNexis, 2012 et la nouvelle revue : Revue Droit & Littérature, nos 1 et 2,
2017 et 2018.
8. V. J.-Y. Mollier, « Éditer le droit après la révolution française », Histoire et civilisation du livre, Revue internationale, n° 1, 2005, p. 137-147 ; Y.-B. Brissaud, « Pistes pour
une histoire de l'édition juridique française sous l'Ancien régime », Histoire et civilisation
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