Grands Colloques - La réécriture de la loi sur la presse du 29 juillet 1881 : une nécessité ? - 257

RAPPORT CONCLUSIF

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que le nom : la presse people ou presse de caniveau dont les pratiquants
devraient avoir à en découdre, suivant le droit commun de la responsabilité
civile et les principes dégagés par la Cour européenne des droits de l'homme
avec les personnes plus ou moins célèbres dont ils violent éhontément le
droit au respect de la vie privée. Que perdrait la société démocratique s'il
était clairement affirmé qu'il y a presse et presse et qu'il n'y a pas place
sous le bouclier de la même loi protectrice pour les paparazzis et pour les
correspondants de guerre ?
Dans le même ordre d'idées, il y a lieu de se demander s'il serait tout à
fait incongru de s'inspirer du critère de la participation à un débat d'intérêt
général pour rejeter en dehors du champ d'application de la loi sur la presse
un certain nombre de comportements auxquels s'adonnent joyeusement et
lucrativement quelques journalistes parmi les plus renommés. C'est ici qu'il
faut reprendre la distinction entre liberté d'opinion et liberté d'expression
sur laquelle Patrick Auvret a fortement insisté. Comme lui, je pense que
la liberté d'opinion doit être absolue. Au soutien de cette conviction, je
n'hésiterai pas à invoquer le lauréat du Prix Nobel de littérature 2016 et
sa chanson « It's alright Ma (I'm only bleeding) » figurant dans son album
Bringing it all back home parfois appelé Subterraneam homesick blues paru
en mars 1965 où il dit :
If my real thought-dreams could be seen
They'd probably put my head in a guillotine1
Si on publiait tout ce qui, à un moment donné, nous passe par la tête, il
est probable, effectivement, qu'on nous la couperait physiquement, socialement ou politiquement. Or, il n'est pas tout à fait improbable que des
journalistes, profitant de la naïveté de personnes qui n'ont pas compris que,
entre autres privilèges, ils ont celui de ne pas avoir à respecter la parole
donnée, se livrent à un dévoiement de la liberté de la presse en raccordant
abusivement à un débat d'intérêt général ce qui n'était qu'une opinion, une
confidence sortie d'un rêve éveillé...
Ces élagages guidés par le critère de la contribution à un débat d'intérêt
général conduiraient donc à mieux faire coïncider la loi sur la liberté de
la presse avec l'activité de la presse. Il reste néanmoins que d'autres que
les membres de cette profession absolument indispensable à l'existence et
à la survie d'une société démocratique peuvent efficacement contribuer à
des débats d'intérêt général. Ainsi les activités relevant des immunités de
1. « Et si mes rêves éveillés pouvaient se voir, ils mettraient probablement ma tête sous
la guillotine ».

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