Hors collection - Pouvoir politique et finances publiques : quels enjeux au Maroc et en France - 145

VINCENT MAzAURIC

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De manière identique, avec pour l'instant encore un degré plus ténu de
détermination, nous avons un objectif d'évolution des dépenses locales.
Celui-ci est un indicateur. Le mot « évolution » est important, car il est
pluriannuel. En contrepartie, il n'est pas voté et il n'est pas exactement
contraignant. Mais il est utile si on compare ce qu'il identifie et ce qu'il
dessine aux débats habituels qui opposent l'État central, se voyant comme le
financeur et regardant la collectivité locale comme une machine à dépenser
sans compter, et cette dernière jugeant l'État bien trop impatient de transférer des attributions sans en donner les moyens et posant contraintes et
obstacles.
Sur un plan distinct, disons un mot d'une initiative nouvelle voulue et
votée par le Parlement. Nous allons lancer l'expérimentation de la certification des comptes des collectivités locales. Comme toute expérimentation,
elle part du volontariat. Un exécutif local volontaire se porte en avant et,
en quelque sorte, met en jeu sa responsabilité politique, pour qu'il soit dit
si ses comptes sont ou non sincères. Il prend aussi le risque que l'exercice
dépasse le temps de sa mandature. C'est une sorte de pari sur l'avenir qui
me paraît décrire de manière assez prometteuse un système moderne et de
longue durée de responsabilité.
Les mises en jeu plus négatives me paraissent avoir peu de chance d'être
totalement décisives, et pour cette raison j'en recommanderai un emploi
modéré.
Il y a à peine dix ans, notre pays a connu, c'était une idée très forte de feu
le Président Philippe Séguin, l'échec de l'idée de la mise en responsabilité
des gestionnaires publics locaux et nationaux devant la Cour des comptes.
Je ne le commente pas, c'est un fait, c'était un moment d'équilibre politique.
Je ne crois pas toutefois que certaines tentatives, que je ne commente ni ne
blâme, de s'y prendre par le chemin très escarpé et indirect de la Cour de
discipline budgétaire et financière soient la solution optimale et appropriée.
Et bien entendu, un mot de notre chère responsabilité personnelle et
pécuniaire.
Nous connaissons, nous partageons la dialectique consistant à prendre
le comptable par le col pour obtenir au fond que ce soit l'ordonnateur
qui change. Dans une acception familiale et paternelle, les choses peuvent
se comprendre et elles parviennent à faire bouger certaines pratiques.
Néanmoins, vu du comptable public, de son risque d'asphyxie et de son
incompréhension, il faut se tenir à un usage modéré de cette arme.
Au fond, la bonne médiane, j'en ai cité quelques exemples, c'est le
mélange du guidage et de la volonté. Il faut regarder devant plutôt qu'à
ses pieds, et ne pas s'arrêter trop vite ou trop volontiers devant la limite.
Quand on sélectionne un manager pour un poste, beaucoup de candidats
expliquent qu'ils peuvent tout faire et réussir à condition d'avoir tous les
moyens. Or cela n'existe pas. Donc, si vous m'autorisez une définition

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