GILDAS DE MUIZON ET OLIVIER SAUTEL 95 économétriques. Il arrive même que les techniques économétriques soient utilisées dans d'autres pans du droit, comme en droit de l'environnement ou de la santé. Il est donc exagéré de présenter les études économétriques comme atteignant un degré de complexité exceptionnel, qui remettrait en cause l'aptitude traditionnelle du juge à intégrer des éléments de preuves issus de l'expertise scientifique. L'appréciation du choix du modèle et de sa bonne application pose aussi la question du recours possible par les juridictions à des experts indépendants. Ces derniers pourraient aider le juge à déceler des erreurs méthodologiques ou techniques dans l'étude économétrique soumise par une partie. Le recours à de tels experts permettrait notamment d'éviter qu'une juridiction, se sentant incompétente sur le fond d'une étude, n'ait tendance à l'écarter en prenant comme prétexte une controverse sur les hypothèses ou une question marginale de sélection des données. L'économétrie est un outil puissant qu'il est utile de mobiliser dès que le dossier comporte des données, ce qui est fréquemment le cas. La technicité des modèles mobilisés ne doit pas être vue comme un obstacle car les raisonnements économétriques peuvent toujours être exposés de façon pédagogique pour peu que les économètres fassent l'effort d'expliciter leurs hypothèses et de dialoguer avec les juristes. Dans tous les cas, les outils économétriques ne constituent qu'une pierre complémentaire participant à la construction d'argumentaires solides aux côtés d'autres arguments juridiques, factuels ou économiques.