Bibliothèque d'histoire du droit et droit romain - L'École de Le Play et le droit - Tome 34 - 248

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L'ÉCOLE DE LE PLAY ET LE DROIT

République avec les prescriptions du Décalogue, droit immanent et transcendant,
à la fois antérieur et supérieur aux lois humaines. En tout état de cause, quelle que
soit la nature du gouvernement - ce qui n'est, à strictement suivre le programme
leplaysien, que l'affaire des opinions individuelles de chacun -, l'observation de
la loi de Dieu est brandie comme le rempart efficace contre le socialisme192,
consensus a minima qui suffit à souder monarchistes et conservateurs républicains. Le Décalogue, « clef de toutes les réformes »193, est le facteur primordial
permettant d'assurer paix et ordre dans la nation194 : « la solution au problème de
la paix sociale ne peut être obtenue, selon Léon Lefébure195, que par la pratique des
192. GARNIER (abbé), Le socialisme et le Décalogue..., op.  cit.,  p.  261-276 et l'intervention
d'Anatole LEROY-BEAULIEU suite à BENOIST (Ch.), Réunion mensuelle du groupe de Paris,
Séance du 26 novembre 1895. L'idée de la souveraineté..., op. cit., p. 916.
193. CLÉMENT (H.), Les questions sociales et les discours de rentrée de 1896, RS, 1897,
tome 1, p. 229.
194. HUBERT-VALLEROUX (P.), Discours. Société d'économie sociale. Séance du 11 janvier
1897. La réforme des lois de succession et ses conséquences sociales, RS, 1897, tome 1, p. 384.
195. Né le 31 mars 1838 au Logelbach près de Colmar, d'une vieille famille normande, Léon
Lefébure fait ses études de droit à Paris, au cours desquelles il rencontre Montalembert et Lacordaire,
tout en développant un goût précoce pour les voyages et les études d'économie sociale. La Revue
contemporaine et L'Économiste français accueillent ainsi ses études dès 1862. Avocat, il est reçu
auditeur au Conseil d'État en 1864, appartenant successivement aux sections du contentieux et des
finances. Passionné par les questions algériennes, il accepte un siège au conseil général d'Oran. Lors
de l'enquête agricole de 1866, il est nommé secrétaire de la commission chargée de l'enquête dans les
deux départements du Rhin. Momentanément détaché du Conseil d'État à la demande de Frédéric Le
Play, qu'il avait rencontré au cours de ses fonctions, il est chargé de créer un prix pour les entreprises
les mieux gérées, en vue de l'Exposition universelle de 1867 : son rapport sur la condition matérielle et
morale des ouvriers lui vaut la Légion d'honneur. Lefébure noue à cette occasion des liens avec des
entreprises qui financeront ses œuvres. À la même époque, il est élu membre du conseil général du
Haut-Rhin, dont il devient le secrétaire. Deux ans plus tard, il représente la circonscription de Colmar
au Corps législatif en 1869. Lorsqu'éclate la guerre de 1870, il sert dans la garde mobile du Haut-Rhin
et opte pour la nationalité française. À l'Assemblée nationale, où il est élu en 1871, Léon Lefébure
déploie une intense activité : il fait notamment partie de la commission d'enquête sur le régime
économique en France. Nommé en 1873 membre du conseil supérieur du commerce, de l'agriculture
et de l'industrie, il est appelé à remplir les fonctions de sous-secrétaire d'État au ministère des Finances
dans le second cabinet Broglie. Sa vie bascule en 1876, suite au décès de son épouse, morte d'une
maladie. Renonçant à se présenter comme député de Paris, alors que le succès lui semblait acquis, il
consacre désormais sa vie aux études sociales et à la charité. Son attention se fixe sur trois problèmes
majeurs : le travail des ouvriers, l'éducation et la réinsertion des prisonniers. Membre du Conseil
supérieur des prisons, il est désigné pour représenter cette assemblée au congrès pénitentiaire de
Stockholm en 1877, qui marque la science pénitentiaire. Il fonde, la même année, la Société générale
des prisons. Il appartient également à la Société générale pour le patronage des libérés. Sa grande
œuvre reste néanmoins l'Office central des œuvres de bienfaisance, qui voit le jour en 1890 :
l'association a pour objectif de fédérer toutes les œuvres de charité disséminées en France. Le
prosélytisme de Lefébure s'exprime autant par cet engagement social profond que par la plume. Il est
l'auteur d'un certain nombre d'ouvrages consacrés au devoir social et à la charité. Il écrit en outre
régulièrement dans Le Correspondant et dans la Revue des deux mondes, s'affirmant comme un
spécialiste de la question pénitentiaire. Ses travaux lui valent d'intégrer l'Institut : il est élu membre de
l'Académie des sciences morales et politiques en 1903. Son attachement aux institutions libres, son
rejet de la centralisation, son intérêt pour l'agriculture et la question sociale l'amènent, à la faveur de
sa rencontre avec Le Play, à adhérer à la Société d'économie sociale dès 1861 et à en devenir
administrateur en 1890. Il décède d'une crise d'apoplexie en 1911 (Archives nationales, dossier de
Légion d'honneur L1548003, v° Lefébure, Albert-Léon, dans MEYER (A.), Biographies alsaciennes
et portraits en photographie, Colmar, Ant.  Meyer éditeur, 1884, 2e série,  p.  209-215, Discours de
M. Chuquet, président de l'Académie à l'occasion de la mort de M. Léon Lefébure, membre libre de
l'Académie, Séances et travaux de l'Académie des sciences morales et politiques (Institut de France).
Compte rendu fondé en 1842 par M. Ch. Vergé sous la direction de M. A. de Foville, secrétaire perpétuel
de l'Académie, 1911, tome CLXXVI, Paris, Picard et fils,  p.  236-247, SAVOYE (A.), Une réponse
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