Bibliothèque de droits international et communautaire - Organisations non-gouvernementales, financement étatique et efficacité de l'aide au développement. Une illustration des rôles des ONG en droit international 2017-2018 - 29

INTRODUCTION

darlings »). Or, ce sont ces deux effets pervers qu'ont aussi rencontrés les États et qui
ont conduit en partie à adopter les textes en matière d'efficacité de l'aide et notamment, au sein de la Déclaration de Paris, le principe d'harmonisation74.
41. Une position de force dans la relation entre ONG internationale et locale. De
plus en plus, les ONG internationales mettent en œuvre leurs projets en partenariat
avec une ou plusieurs ONG locales. Cela peut être exigé par les bailleurs75 ou bien
répondre à un choix de l'ONG, afin de garantir que son action ait des effets réels et
durables. Le partenaire local est alors « mis en capacité » (empowered) et peut, en
cas d'arrêt des financements de l'ONG internationale, continuer à mettre en œuvre
ces projets ou initier des projets qui lui sont propres. Impliquer un partenaire local
permet également de s'assurer que le projet est pertinent et touche les bénéficiaires
les plus démunis. Cela donne à l'ONG internationale une réelle valeur ajoutée par
rapport aux bailleurs institutionnels, en la situant au plus près des bénéficiaires.
42. Cette évolution a de nombreux avantages. Pour le partenaire local, le partenariat offre une visibilité sur la scène internationale et constitue un gage de qualité et
de gestion responsable vis-à-vis du bailleur. L'ONG internationale construit également les capacités du partenaire en formant ses membres à l'évaluation de besoins, à
la gestion de projet et au suivi-évaluation des actions. L'avantage réputationnel du
partenariat ne vaut donc pas uniquement pour un projet mais s'inscrit dans la durée
et permet au partenaire local de développer d'autres partenariats avec d'autres
ONG internationales76. Pour l'ONG internationale, le partenariat permet d'obtenir
des financements institutionnels, de faire valoir sa position d'acteur intégré sur le terrain, d'inscrire son action dans une dimension durable et de connaître les besoins et le
contexte de manière directe et précise. La possibilité d'externaliser la gestion des projets en tout ou partie les rend également plus flexibles. Enfin, pour les bailleurs, le
partenariat est un gage de la pertinence et de la durabilité du projet77.
43. Le partenariat constitue depuis longtemps un paradigme de la coopération internationale et implique l'idée d'un développement « par le bas ». Cette
idée s'est développée largement dans les années 2000, en réaction aux politiques
de coopération basées sur les principes du Consensus de Washington78 qui
tsunami-affected countries, Tsunami Evaluation Coalition, Londres, 2006 ; ERIKSSON (J.) et al.,
« The International Response to Conflict and Genocide : Lessons from the Rwanda Experience.
Synthesis Report », Joint Evaluation of Emergency Assistance to Rwanda, 1996 ; UNIVERSITÉ DE
TULANE ET UNIVERSITÉ D'ÉTAT D'HAÏTI, Évaluation de l'aide humanitaire en Haïti sous
l'angle de la résilience, 2012, 50 p.
74. Infra, II.
75. Voir par exemple, pour les projets de l'AFD : AFD, « Projets à l'initiative des organisations
non gouvernementales. Le cofinancement des projets et programmes de "terrain". Interventions dans
les pays », 2012, p. 16.
76. LAVERGNE (R.) et WOOD (J.), Civil Society and Aid Effectiveness Exploration of
Experience and Good Practice, Rapport préparé pour le Groupe Consultatif sur la Société Civile et
l'Efficacité de l'Aide, 2009, pp. 70 s.
77. Les bailleurs ont par ailleurs favorisé le financement direct d'ONG locale, notamment en
délocalisant leur prise de décision de financement sur le terrain. Cependant, cela a induit une
compétition des ONG locales et internationales, ces dernières développant leur présence au niveau
régional, symétriquement à la présence des bailleurs. Cette concurrence pour les financements
institutionnels se fait encore, pour le moment, au profit des ONG internationales (AGG (C.), « Trends
in government support for non governmental organisations. Is the Golden Age of the NGO Behind
Us ? », op. cit., pp. 21 s.).
78. Les États développent de manière extensive la notion de « partenariat » dans leurs politiques
de coopération. Un bon exemple est la Déclaration de Paris et ses « engagements de partenariats ».

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