Bibliothèque de droits international et communautaire - Organisations non-gouvernementales, financement étatique et efficacité de l'aide au développement. Une illustration des rôles des ONG en droit international 2017-2018 - 30

ONG, FINANCEMENT ÉTATIQUE ET EFFICACITÉ DE L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT

imposaient des réformes structurelles aux États « par le haut ». L'idée est de rééquilibrer la relation d'aide et de donner plus de responsabilités aux États en développement et leur population79. La notion de partenariat implique donc généralement
une relation d'égal à égal entre les partenaires et des modes de prise de décisions en
commun pour la réalisation d'un objectif partagé80.
44. Le fait de passer par un partenaire pour mettre en œuvre des projets financés
par des fonds étatiques positionne les ONG internationales dans le rôle du bailleur,
plutôt que de la partie chargée de la mise en œuvre. Elles deviennent des intermédiaires, qui permettent de mettre en relation un bailleur institutionnel étranger et un
acteur de développement local. En tant que bailleur, on peut donc se demander si elles
n'assument pas la même fonction dans le système de l'aide au développement que les
bailleurs traditionnels, étatiques ou interétatiques81. La relation entre l'ONG internationale et l'ONG locale a de nombreux points communs avec la relation entre l'État
bailleur et l'État récipiendaire, du fait du déséquilibre qui fonde cette relation82. Cette
relation peut varier selon les contextes, et certaines ONG du Sud font un travail tellement remarquable sur le terrain que cette relation peut s'inverser83. Cependant, de
manière générale, le fait que les ONG internationales aient une relation longue et
durable avec les États bailleurs et qu'elles soient basées sur leur territoire84 conduit à
ce qu'elles soient dans une position de supériorité, au moins sur le plan financier85.
Parce qu'elles constituent le passage obligé pour accéder aux financements des bailleurs institutionnels, les ONG internationales sont conçues comme un « mal nécessaire » plutôt que comme de réels partenaires par certaines ONG locales86. Du reste,
on peut considérer que dans les relations interétatiques entre bailleurs et récipiendaires, la situation est également variable87.
Voir aussi : ALFINI (N.) et CHAMBERS (R.), « Words count : taking a count of the changing
language of British aid », in CORNWALL (A.) et EADE (D.), Deconstructing Development Discourse
Buzzwords and Fuzzwords, Oxfam, Oxford, 2010, pp. 29-45.
79. CONTU (A.) et GIREI (E.), « NGOs management and the value of 'partnerships' for
equality in international development : What's in a name ? », Human Relations, 2014, vol. 67, p. 213.
80. Ibid. et ALFINI (N.) et CHAMBERS (R.), « Words count : taking a count of the changing
language of British aid », op. cit.
81. LAVERGNE (R.) et WOOD (J.), Civil Society and Aid Effectiveness Exploration of
Experience and Good Practice, op. cit. : « [North-South partnerships] can suffer from dependencies
and power imbalances just as surely as other North-South relationships ».
82. Pour une critique du mésusage de la notion de partenariat : FOWLER (A.), « Authentic
NGDO partnerships in the new policy agenda for international aid : dead end or light ahead ? »,
Development and Change, 1998, vol. 29, n° 1, p. 137-159.
83. LAVERGNE (R.) et WOOD (J.), Civil Society and Aid Effectiveness Exploration of
Experience and Good Practice, op. cit. ; LEWIS (D.), « Development NGOs and the challenge of
partnership : changing relations between North and South », Social policy & administration, 1998,
vol. 32, n° 5, p. 501-512.
84. La majorité des financements de l'État se font vers des ONG basées dans ce État : AGG (C.),
« Trends in government support for non governmental organisations. Is the Golden Age of the NGO
Behind Us ? », op. cit., p. 23.
85. Pour une étude des relations de pouvoirs entre ONG, LISTER (S.), « Power in partnership ?
An analysis of an NGO's relationships with its partners », Journal of International Development, 2000,
vol. 12, n° 2, pp. 227-239.
86. SMILLIE (I.), « Changing partners : northern NGOs, northern governments », Voluntas :
International Journal of Voluntary and Nonprofit Organizations, 1994, vol. 5, n° 2, p. 155-192, p. 184 :
« [Northern NGOs] have become for Southern NGOs what governments too often are for them : a
bureaucratic, project-oriented, paternalistic source of money - a necessary evil rather than a partner ».
87. Ainsi, tout comme les ONG du Sud vis-à-vis des ONG du Nord, les États récipiendaires sont
parfois en position de force vis-à-vis du bailleur : par exemple, le Vietnam a refusé un prêt du FMI car

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