Bibliothèque de droits international et communautaire - Organisations non-gouvernementales, financement étatique et efficacité de l'aide au développement. Une illustration des rôles des ONG en droit international 2017-2018 - 95

CONCLUSION DU TITRE I

209. Les ONG ont déployé des efforts considérables pour être incluses dans
les discussions en matière d'efficacité de l'aide. Le Partenariat des OSC pour
l'Efficacité du Développement est aujourd'hui associé à part entière aux discussions au sein du Partenariat Mondial pour une Coopération Efficace ou lors de
ses Réunions de Haut Niveau. Grâce à cette stratégie, elles ont pu faire valoir
deux lignes d'arguments. D'une part, elles réclament que la philosophie de
l'aide soit plus conforme à ce qu'elles défendent comme principes du développement : une aide efficace doit permettre un développement inclusif, basé sur les
droits de l'homme. En ce sens, elles poussent à l'extrême la logique de l'efficacité
de l'aide, notamment les principes d'appropriation et de responsabilité mutuelle.
D'autre part, elles ont insisté sur la nécessité pour les États de s'engager réellement et de mettre en place des processus de contrôle des engagements plus
adaptés mais aussi plus stricts. Ainsi, elles n'adoptent pas une stratégie d'opposition vis-à-vis des textes en matière d'efficacité de l'aide, mais plaident avant
tout pour une meilleure effectivité de ceux-ci. Cela concerne aussi bien leur
dimension matérielle (que les principes contribuent effectivement à un meilleur
développement) que leur dimension juridique (que les principes contribuent
effectivement à influencer le comportement des États parties).
210. Les ONG vont en réalité plus loin que des demandes en matière d'efficacité de l'aide. En réclamant de mettre la population au centre de l'appropriation
mais aussi de la redevabilité et de la transparence, en considérant que l'aide au
développement doit contribuer à permettre un développement extra-économique,
inclusif et respectueux des droits de l'Homme, elles défendent une vision du développement différente de celle des États et insistent pour que ceux-ci s'y conforment. Or, si les États répondent à leurs attentes1, les principes d'efficacité de l'aide
correspondront de manière importante à leur propre vision de l'aide et de l'efficacité de celle-ci. Le succès des ONG en termes de plaidoyer pourra donc conduire
à fragiliser leur position en tant qu'opératrices du développement, défendant leur
spécificité2. Il existe donc une certaine contradiction entre les messages développés par les ONG visant, d'une part, à convaincre les États qu'une autre vision du
développement est nécessaire et, d'autre part, à défendre un rôle qui leur est
propre. On peut rapprocher ces messages des deux arguments qui ont conduit à
leur intégration et que nous avons développé en introduction à ce chapitre : leur
légitimité en tant que représentantes d'intérêts minoritaires et en tant qu'expertes du développement. C'est bien un conflit entre les différentes facettes des
1. Infra, Partie III, Titre I, Chapitre 1.
2. Infra, Partie II, Titre I, Chapitre 1.

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