Contextes - Penser l'ancien droit privé - 166

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CONTRATS ET PROPRIÉTÉ

débats importants au sein de la romanistique, notamment au cours de la
première moitié du xxe siècle. Cette date ne doit rien au hasard. Les études de
droit romain avaient en effet subi au cours du xixe siècle la lourde influence
de la pandectistique et, à partir des années 1890, ces études avaient été bouleversées par l'introduction de la méthode interpolationniste2. Un tel contexte
était dès lors marqué par des impulsions contradictoires, tout à la fois systématiques et historicistes3. Il n'est donc pas étonnant que dans ce cadre ait
eu lieu un important débat sur la méthode. Un débat qui a agité la romanistique, et notamment la romanistique italienne, pendant plusieurs années.
Parmi les protagonistes de ce débat il faut mentionner deux des figures
majeures de la science juridique italienne du xxe siècle : Emilio Betti et
Pietro De Francisci4.
Emilio Betti5 n'était pas seulement un romaniste, mais l'un de plus
grands civilistes italiens. Il affirmait qu'il était utile et légitime d'employer
les dogmes contemporains dans l'analyse historique. L'emploi de catégories
anachroniques aurait permis de mieux comprendre les sources romaines,
sans pour autant les dénaturer6. La dogmatique contemporaine aurait été
en mesure de fournir au romaniste les outils pour analyser les droits du
2. R. Orestano, Introduzione allo studio del diritto romano, Bologna, Il Mulino, 1987,
p. 267 sq. ; p. 496 sq. ; p. 540 sq.
3. Il faut toutefois nuancer l'opposition entre le pandectisme et l'interpolationnisme. En
effet, au début, la démarche des auteurs qui recherchaient les interpolations était fonctionnelle au « progrès de la dogmatique ». En libérant les sources de ce qui était appelé le « plâtre »
byzantin, l'enquête interpolationniste permettait de résoudre les problèmes dogmatiques
auxquels la pandectistique était confrontée dans son analyse du Corpus iuris civilis. Voir :
R. Orestano, Introduzione, op. cit., p. 540 sq.
4. Sur ce débat, voir : A. Schiavone, « Negozio giuridico... » loc. cit., p. 908 sq. ; A. De
Gennaro, « Emilio Betti : dallo storicismo idealistico all'ermeneutica », Emilio Betti e la
scienza giuridica del Novecento. Quaderni fiorentini per la storia del pensiero giuridico
moderno 1978, p. 83 sq. ; R. Scevola, « Negotium mixtum cum donatione ». Origini terminologiche e concettuali, Padova, CEDAM, 2008, p. 29 n. 20.
5. Sur Emilio Betti, voir : G. Crifò, « Emilio Betti », Bullettino dell'Istituto di diritto
romano « Vittorio Scialoja », t. 70, 1967, p. 293 sq. ; le volume des Quaderni fiorentini intitulé
Emilio Betti e la scienza giuridica del Novecento cit., p. 1 sq. ; M. Brutti, Vittorio Scialoja,
Emilio Betti. Due visioni del diritto civile, Torino, Giappichelli, 2013 ; E. Stolfi, « Ancora
su Vittorio Scialoja (ed. Emilio Betti) », Scritti per Alessandro Corbino, éd. I. Piro, Tricase,
Libellula, 2016, t. VII, p. 61 sq.
6. E. Betti, « Diritto romano e dogmatica odierna », Questioni di metodo. Diritto romano
e dogmatica odierna, 2e éd., Como, New Press, 1997, p. 25 sq. Il s'agit du texte du discours
inaugural au cours d'Istituzioni di diritto romano (droit privé romain) qu'E. Betti avait lu
le 14 novembre 1927 à l'Université de Milan. Ce texte a été publié une première fois dans
Archivio giuridico "Filippo Serafini", t. 99, 1928, p. 129 sq. et t. 100, 1928, p. 26 sq. Le
discours inaugural d'E. Betti constitue l'un des premiers jalons de sa théorie générale de
l'interprétation dont l'aboutissement est constitué par l'ouvrage intitulé Teoria generale
della interpretazione, Milano, Giuffrè, 1955.
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