La culture du règlement amiable des différends De la culture du procès à celle de l'entente Lise Casaux-Labrunée Professeur à l'Université Toulouse Capitole Résumé Les résistances culturelles au développement des modes amiables de règlement des différends en France sont réelles et ne doivent pas être sousestimées. Délicates à analyser, elles surplombent la matière juridique tout en ayant effet sur elle, jouant comme des freins qui limitent les effets de toutes les mesures adoptées jusqu'à présent pour favoriser le règlement amiable des différends. Ces résistances appellent une analyse lucide et sans complaisance, seule à même de faire évoluer notre culture du règlement des conflits dans laquelle le réflexe contentieux semble avoir pris le pas sur le réflexe amiable. Pour évoluer progressivement vers plus d'ententes, d'importants changements culturels sont nécessaires. Ces derniers relèvent en premier de l'éducation et de la formation, mais ils nécessitent aussi de réinterroger le rôle des professionnels du droit, spécialement des magistrats et des avocats, dans le règlement des différends. INTRODUCTION Les résistances culturelles font partie de celles qui sont le plus souvent évoquées lorsqu'il s'agit de comprendre pourquoi les modes de règlement amiable des différends ne se développent pas correctement en France. Nous n'aurions pas la culture de l'amiable, lui préférant celle de l'opposition. Nos juristes seraient formés à la culture du procès plus qu'à celle du règlement amiable des différends. Un sentiment de dépossession souvent