Droit et Économie - L'avenir de l'Union économique et monétaire : une perspective franco-allemande - 95

LA CONSTITUTION MONÉTAIRE DE L'UNION EN DÉBAT 95

À y regarder de plus près encore, il n'est pas certain que les critères d'optimalité monétaire aient constitué une source de référence si importante
pour les concepteurs de l'UEM. En partant du constat qu'aucun des critères n'aurait en réalité été repris par les critères de convergence nominale
définis par le traité de Maastricht82, on peut soutenir sans trop s'avancer
que la création de l'UEM était bien davantage un projet politique qu'un
projet économique.

B. Le compromis politique à l'origine de l'UEM
Alors même que les enseignements tirés de la théorie des zones monétaires
optimales contredisaient l'opportunité de l'intégration monétaire en
Europe, cette théorie a été largement réinterprétée par les fonctionnaires
européens chargés d'impulser le projet de l'UEM (1). Cela montre combien
le rôle de la volonté politique fut important dans le choix de sa création (2).

1. La réinterprétation des critères d'optimalité monétaire
en vue des négociations du traité
La théorie des zones monétaires optimales en défaveur de l'intégration
monétaire européenne. Lorsqu'il s'agit pour les économistes de s'intéresser
à la question de l'opportunité de créer une union monétaire européenne,
les publications sont alors largement dominées par la théorie des zones
monétaires optimales selon Mundell ci-dessus évoquée, d'inspiration keynésienne. L'objet de cette théorie est de déterminer si certains pays d'un territoire déterminé ont intérêt ou non à créer une zone monétaire, ce qui
suppose de mettre en relation les coûts et les bénéfices de l'Union monétaire. Selon cette théorie, un groupe de pays a intérêt à former une zone
monétaire si les économies réalisées avec la suppression des coûts de transaction sont supérieures aux coûts entraînés par l'abandon du taux de
change et d'une politique monétaire nationale83. Le niveau des coûts
de transaction dépend du degré d'ouverture de l'économie alors que les
coûts d'ajustement sont fonction du degré de symétrie entre les différentes
structures économiques et de la mobilité inter-régionale des facteurs de
des degrés divers, la réduction du déficit budgétaire de tous les autres, en raison de l'importance du commerce intra-européen ».
82. TAUGOURDEAU E. et VINCENSINI C., « La justification économique de l'Union économique et
monétaire : ex ante, ex post ou inexistante ? », Revue française d'économie, nº 2/vol. XXIV,
p. 57-83, spéc. p. 61, qui expliquent : « ils se réfèrent essentiellement à la corrélation des
conjonctures, comprise ici comme la convergence des taux d'inflation, d'intérêt et de change
(...) en délaissant les trois autres critères. », citant WYPLOSZ C., « European Monetary Union.
The Dark Sides of a Major Success », Economic Policy, 21, 2006, p. 209-261.
83. BOONE L., « Symétrie des chocs en Union européenne : une analyse dynamique », Économie
internationale, nº 70, 2e trimestre 1997, p. 8-34, spéc. p. 10.

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