Hors collection - Lex Robotica - Le droit à l'épreuve de la robotique - 97

GUILHeM JULIA

Ce jugement est un préalable nécessaire à la transmission dudit savoir. La
programmation du robot intelligent obéit au même processus. elle conduit
l'humain à s'interroger sur la valeur des comportements qu'il veut voir
adoptés par la machine.
Pour l'heure, l'homme garde la maîtrise de la programmation des robots
dits intelligents. Autrement dit, ceux-ci se comportent conformément aux
valeurs qui leur sont inculquées. La responsabilité de l'homme est déterminante : à lui de rendre le robot bienveillant pour que progresse l'humanité.
Un auteur écrit en ce sens : « Programmés pour être bienveillants, les robots
pourront nous rendre meilleurs. (...). Les robots nous permettront de nous
concentrer sur une dimension plus fondamentale de l'existence : être soi,
prendre soin de soi et des autres »68.
34. Il importe à cette fin que les capacités d'action et de décisions des
robots restent circonscrites à certaines tâches dont souhaite s'extraire
l'homme. La juste répartition des fonctions au regard des compétences
humaines et robotiques constitue la condition pour que les deux intelligences se complètent au lieu de se concurrencer.
Libéré des tâches pénibles, l'homme pourrait se consacrer à des missions
d'intérêt général que le robot n'est pas en mesure d'assumer : s'engager en
faveur d'une cause politique, humanitaire, environnementale, faire preuve
de solidarité envers son prochain, en bref : manifester une humanité.
35. La recherche de la complémentarité entre les deux intelligences
permet à l'humain d'être assisté pour un certain nombre de besognes,
sans pour autant renoncer aux activités qui le façonnent en tant qu'entité
pensante et consciente de lui-même comme de son environnement. Mieux,
la complémentarité de l'intelligence humaine et artificielle doit pouvoir
conduire l'humain à améliorer sa condition pour que progresse l'humanité
tout entière.
L'objectif à atteindre n'est ni aisé, ni impossible. Il suppose en premier
lieu une évolution des mentalités occidentales qui doivent abandonner la
peur culturelle et fictive d'une domination de l'homme par les machines69.
68. Bruno Maisonnier in « Les robots peuvent-ils vraiment être considérés comme nos
esclaves ? » art. préc., p. 38.
69. Jean-Claude Heudin explique en ce sens qu'« (...) il convient d'abandonner définitivement l'idée culturellement ancrée en Occident que ces technologies sont faites pour remplacer
l'homme. Elles se révèlent au contraire complémentaires sur de nombreux points », JeanClaude Heudin « Intelligence artificielle et robots : entre utopie et dystopie » in Alexandra
Bensamoun (dir.) Les robots, objets scientifiques, objets de droits, éd. Mare & Martin, coll.
« Presses universitaires de Sceaux », 2016, p. 54.

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