Hors collection - Finances publiques et souveraineté des États - 28

RAPPORT D'OUVERTURE

Elles sont, autrement dit, l'ossature, le squelette mais aussi l'énergie du
politique. Toutefois, depuis une quarantaine d'années, à cause des difficultés auxquelles ils sont confrontés, les systèmes financiers publics font
l'objet d'une transformation sans précédent. Il en résulte une autre manière
de considérer et de pratiquer les finances publiques.
C'est d'abord la raison d'être des dépenses ainsi que leur traitement qui
sont remis en cause par une conception beaucoup moins interventionniste
et beaucoup plus gestionnaire qu'au cours des trente glorieuses. C'est aussi
le regard porté sur l'impôt qui a changé, il a de moins en moins affaire
avec une contribution à la réalisation de l'intérêt général, il est de plus en
plus perçu comme le prix des services rendus par le secteur public. Ces
évolutions marquent profondément, depuis plusieurs dizaines d'années
maintenant, les institutions publiques locales et nationales.
C'est aussi pourquoi un mode tout à fait inédit de gouvernance prend
forme dans la plupart des sociétés dans le monde. Celles-ci vivent à des
rythmes différents une grande transition, un passage d'un monde à un
autre. Oui, nous changeons de monde. Nous sommes engagés dans une
révolution silencieuse qui s'accélère aujourd'hui de par la puissance presque
sans limites des algorithmes associée à une mondialisation des échanges
elle-même en pleine expansion.
Dans ce contexte, aucun État n'est jamais totalement autarcique, à l'abri
de toute influence extérieure, comme le prouve la propagation des crises
économiques et financières. En effet, l'une des caractéristiques des États
contemporains réside dans leur sensibilité à un environnement économique
international qui s'est profondément transformé depuis les années 1980.
L'économie mondiale est aujourd'hui caractérisée par une globalisation des
échanges, qui rend les pays de plus en plus fortement dépendants les uns
des autres. Son autre caractéristique est la globalisation du système financier
qui fonctionne désormais à l'échelle internationale et en temps réel.
C'est donc dans ce cadre que doivent être repensés le sens et les formes
de la souveraineté des États dont on peut constater aujourd'hui la grande
fragilité.
Une fragilité qui est liée, certes à la gestion et aux politiques menées par
chaque État, mais qui ne peuvent faire abstraction des contraintes externes
qui pèsent lourd sur les processus de décision politique en limitant les
marges de manœuvre dont disposent les finances publiques nationales.
En effet, un État, en économie de marché mondialisée, donc ouvert sur
l'extérieur est-il réellement souverain ? Par exemple, peut-il avoir une politique économique et financière autonome, ou ses décisions sont-elles en
réalité plus ou moins déterminées par des facteurs qui lui sont extérieurs ?

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