Systèmes - Syndicalisme et droits syndicaux - 1re - 12

Syndicalisme et droits syndicaux

l'économique sur le social2. Ces quelques éclairages devraient nécessairement se compléter par un apport récent d'envergure promis à un avenir
conséquent. L'analyse économique contemporaine est un auxiliaire précieux
pour décrypter et mettre en évidence les motivations de l'individu qui opte
pour le choix syndical. Le temps d'une lecture « en rose » de ce qui pousse à
entreprendre une action syndicale est aujourd'hui démodé par l'analyse
économique du syndicalisme. Il s'agit de substituer Garry Becker (19302014) à Émile Zola (1840-1902). Dit autrement, il n'est pas fécond d'imaginer
celui qui entreprend de faire du syndicalisme comme le Saint-Vincent de
Paul des temps d'aujourd'hui. N'est-il pas plus descriptif d'imaginer que
celui qui choisit d'investir ce territoire est un individu rationnel, évaluateur
et qui espère évidemment trouver plus à moins dans son action syndicale ?
Sa grille de préférence peut être cependant l'altruisme et la satisfaction des
autres, mais on peut imaginer que tel n'est pas toujours le cas3.
Les lignes précédentes sont évidemment troublantes pour ceux qui de
l'histoire sociale ont une vision exclusivement en termes dialectiques d'opposition des groupes, classes, catégories socio-professionnelles, ensembles, cohortes. Les hésitations ici entre la soumission et l'indépendance, là
entre la rationalité individuelle et l'action collective serviront de fil conducteur aux propos qui suivent.

II.

Une relecture historique

2. Cette plongée dans l'histoire débute avec les événements concomitants à la Révolution, qui, s'ils ont consacré la liberté d'entreprendre, ont
muselé toute possibilité de se coaliser (A). En 1864, le délit de coalition est
aboli, ne signifiant pas pour autant la consécration de la liberté syndicale
(B). Tolérés, les syndicats rentrent alors dans le droit positif et vont se développer non sans conflits doctrinaux à fort enjeu (C). Le syndicalisme connaît
avec le régime de Vichy une traversée du désert (D), mais l'après-guerre voit
la renaissance du syndicalisme, encore et de nouveau, traversée par de
multiples scissions (E).

2. V. S. SCHWEITZER, « Le référendum d'entreprise démode-t-il le syndicalisme ? », Rev. dr. soc.
nº 5, mai 2018, Dalloz, p. 410 et s.
3. V. SCHWEITZER, « Le syndicaliste est-il un entrepreneur ? », in Les forces syndicales françaises,
op. cit., p. 370 à 387. Du même, « La doctrine sociale de l'église et les questions sociales »,
in Éthique sociale, Librairie de l'université éd., 1997 ; v. aussi « Le rôle des syndicats dans la
société civile », in Éthique et société civile, Librairie de l'université éd., 2004 ; S. SCHWEITZER et
L. FLOURY, Droit et Économie : un essai d'histoire analytique, PUAM, 2015, p. 17 ; M. SANDI,
Approches théorique et empirique, th. 2005, univ. Nantes ; M. OLSON, Logique de l'action collective, PUF, 1978.

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