Systèmes - Syndicalisme et droits syndicaux - 1re - 16

Syndicalisme et droits syndicaux

l'Internationale va tout changer. La première Internationale est fondée à
Londres en septembre 1864. Tolain y prend une part active. Au retour, ces
ouvriers fondent la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO). Mais
la pression de Marx commence à se faire sentir et, au congrès de l'Internationale à Lausanne en 1867, les représentants français, pour répondre aux
accusations d'opportunisme, condamnent fermement l'empereur. À leur
retour sur le territoire national, ils sont arrêtés et jugés. L'affaire s'aggrave
car les modérés sont évincés au profit des révolutionnaires derrière la
figure de l'ouvrier relieur Eugène Varlin (1839-1871), futur membre de la
commune de Paris, et qui sera fusillé par les Versaillais. Certes, Napoléon III était au bord de la légalisation du syndicalisme, mais en ce domaine
comme dans tous les autres, ses bonnes intentions furent freinées par une
absence de volonté. Il est vrai que l'internationalisme ne pouvait s'accommoder avec le nationalisme. Le tournant d'un socialisme internationaliste
évinçant le socialisme nationaliste rendait l'obstacle infranchissable.

C. La naissance des syndicats et leur développement
5. La CGT est le premier des syndicats nationaux à obtenir une reconnaissance institutionnelle (1). Il faudra attendre le congrès d'Amiens de 1906
pour faire admettre en son sein le besoin de faire sortir du champ syndical
les revendications politiques, qui viennent déformer le contenu des revendications professionnelles, seules admises (2). Quelques années plus tard, on
assiste à la naissance de la CFTC (3). Puis la victoire de la révolution bolchevique va faire renaître au sein de la CGT, qui se divise, l'envie de réintroduire
dans le champ syndical le poids des revendications politiques (4).

1. La naissance de la CGT
6. Au contraire des développements précédents, il n'apparaît certainement pas nécessaire de se pencher sur la date de 1884 autorisant la création des syndicats. Elle est due à Pierre Waldeck-Rousseau (1846-1904)
mais aussi, on le précise rarement, à Jules Ferry (1832-1893). L'un et l'autre
étaient des libéraux. À dire vrai, se méfiant des anachronismes, on dirait
aujourd'hui des libertariens. C'est que les fondateurs de la IIIe république
perçoivent l'intrusion de l'État dans l'économie comme une très grave
erreur. Partout fleurissent, dès cette date, ici des chambres syndicales, là
des bourses de travail. Il faut bien réunir et fédérer tous ces gens-là. Ce
sera la tâche en 1895 du premier congrès de toute l'histoire syndicale. Il
se tient à Limoges. Il est l'occasion de la naissance de la Confédération
générale du travail (CGT). La figure de Fernand Pelloutier (1867-1901)
domine les débuts du syndicalisme. La dimension la plus intéressante du
congrès de Limoges, c'est qu'il acte une division en trois courants : les
réformistes, les socialistes-marxistes et les anarcho-syndicalistes.
Pour les premiers, le syndicalisme a sa vocation et sa pertinence sui
generis.

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