CONCLUSION DU CHAPITRE 1 299. En autorisant « provisoirement » le maintien des régimes spéciaux antérieurs à 1945 et en créant ponctuellement de nouveaux régimes de retraite, les pouvoirs publics ont conservé le caractère corporatiste de l'assurance « vieillesse ». 300. D'un point de vue pratique, ce corporatisme justifie une partie de l'organisation administrative et financière en vigueur : financement des prestations contributives par le biais de cotisations assises sur les revenus du travail, hétérogénéité de la couverture « vieillesse », ou encore participation des partenaires sociaux à la gestion des caisses de retraite. 301. D'un point de vue théorique, le corporatisme marque le renoncement à deux objectifs caractéristiques des modèles de protection sociale dits « beveridgiens ». Le fait que l'assurance « vieillesse » ne soit pas accessible à tous les citoyens, mais seulement aux travailleurs et à leur famille, traduit tout d'abord une prise de distance avec le principe d'universalité des droits. Par ailleurs, la multiplication de régimes de retraite proposant des conditions d'assurance et des modalités de calcul des droits à pension spécifiques marque le rejet d'un modèle garantissant l'uniformité des prestations. Cette absence d'universalité et d'uniformité traduit par ailleurs une volonté de privilégier dans les faits une logique d'équité à une logique de stricte égalité en droit.