Seconde partie LES RÉFORMES SUCCESSIVES DU SYSTÈME DE RETRAITE : L'ATTEINTE À LA COHÉRENCE DE L'ORGANISATION 605. L'organisation administrative et financière du système de retraite a subi de profondes transformations au cours des trente dernières années. Parmi les plus importantes, il est possible de citer la mise en place de la CSG en 1990 et l'affectation d'une partie de son produit au financement du risque « vieillesse » ; la transformation du Fonds national de solidarité en Fonds de solidarité vieillesse en 1993 ; la création des lois de financement de la Sécurité sociale, des conventions d'objectifs et de gestion, de la CADES et de la CRDS en 1996 ; ou encore l'harmonisation au sein des différents régimes de retraite des conditions d'assurance ainsi que des modalités d'ouverture et de calcul des droits à pension1. 606. Toutes ces réformes sont généralement justifiées par des considérations financières. L'objectif des pouvoirs publics est de tout mettre en œuvre pour rétablir l'équilibre financier du système de retraite et pour garantir sa pérennité. Concentré sur cette vision arithmétique et comptable de la situation, le législateur semble toutefois négliger la question de la cohérence normative des réformes qu'il entreprend. La plupart des changements opérés dans l'organisation administrative et financière du système de retraite depuis le début des années 1990 entre en effet en contradiction directe avec les principes sur lesquels il est censé reposer. En d'autres termes, les règles qui régissent actuellement le fonctionnement du système de retraite ne répondent plus entièrement aux principes posés à la Libération : les mesures d'exonération et de réduction des cotisations « vieillesse » contribuent à affaiblir la logique contributive du système de retraite ; le développement de la fiscalité participe à l'inverse à renforcer sa logique redistributive ; en ne mettant plus uniquement à contribution les travailleurs, les pouvoirs publics privilégient de plus en plus la solidarité nationale à la solidarité professionnelle2 ; 1. De façon schématique, toutes les réformes peuvent être classées en trois catégories, selon l'objectif qu'elles poursuivent. La première catégorie regroupe les mesures destinées à modifier et à diversifier la structure des recettes affectées au financement du système de retraite. La deuxième concerne tous les dispositifs visant à renforcer les pouvoirs de gestion de l'État. La troisième rassemble les réformes paramétriques mises en place afin de durcir les conditions d'assurance ainsi que les modalités d'ouverture et de calcul des droits à pension. 2. « Accroître la part de l'État dans le financement de la Sécurité sociale revient à faire reposer sur la solidarité nationale ce qui jadis relevait de la solidarité professionnelle. C'est alors