PATRICK SIMON 451 l'opinion et du nombre, on découvre qu'il a certes des formes différentes et plus vastes mais qui obéissent toujours aux mêmes principes. On découvre ainsi que les ennemis d'aujourd'hui sont les héritiers des ennemis d'hier, contrairement à ce qui est enseigné par le dogme positiviste. En effet, la plupart des sociétés démocratiques ne sont pas parvenues à se libérer complètement de la tyrannie du groupe contre l'individu. Il existe certes des exceptions mais en général la règle de la majorité fait peser lourdement ses effets spoliateurs par un moyen fort simple : autrefois c'était la tribu et ses coutumes, aujourd'hui c'est la législation écrite émanant du suffrage universel majoritaire. Quel est son objectif ? Ce n'est ni la vérité ni la justice mais l'assentiment ou l'accord de la majorité. Comme cette majorité elle-même n'est pas toujours guidée par des principes de justice mais souvent par des expédients de convenance, il lui est nécessaire de coucher par écrit les dispositions qu'elle prend alors que le droit naturel n'est pas assujetti à une telle contrainte32. 32. Léo Strauss explique que le droit naturel, lui, n'a pas besoin de cet assentiment dans Droit naturel et histoire, chap. 1er, p. 21 de l'édition Flammarion : « l'assentiment général n'est en aucune façon une condition nécessaire à l'existence du droit naturel. »