Systèmes - La nouvelle question territoriale - 1re - 105

Le jeu des acteurs face à ces nouveaux enjeux territoriaux

rapidement vers le « sensible ». Le raisonnement est assez réversible : ces quartiers « délaissés » peuvent tout aussi bien être abordés comme des espaces en attente de nouveaux usages et de nouveaux positionnements au regard du reste de la ville. Ces zones qui
disposent de foncier voire d'immobilier libre d'emploi, sont marquées par une moindre emprise des politiques et des marchés et
bénéficient d'une certaine manière d'agendas politiques moins verrouillés ; ce sont autant des contraintes que d'opportunités qui permettent de recomposer, mais en s'affranchissant des impératifs du
modèle entrepreneurial et productif. Les villes-agglomération de
Rennes ou de Nantes ont plutôt bien négocié sur le plan urbain ce
recyclage de « quartiers » en s'appuyant sur des grandes infrastructures comme le métro ou le tramway pour recoudre efficacement
différentes parties de la ville et retisser les liens entre citadins qui
se croisent à nouveau, en veillant à préserver et faire progresser la
mixité sociale dans toutes ces zones « en marge ». Mais ce que de
grandes agglomérations peuvent, avec le temps, parvenir à réaliser
en s'appuyant par surcroît sur une population universitaire et jeune,
n'est pas forcément à la portée des villes petites et moyennes, nettement en difficulté avec une population stable, voire en déclin et
souvent une économie en berne.
Confrontés à des situations similaires, les pouvoirs publics (État
et collectivités locales) se sont accrochés à des stratégies mettant
l'accent sur la régénération de ces quartiers. L'objectif est de les
transformer en espaces urbains comme les autres grâce à des programmes ambitieux de régénération physique (Programme national
de rénovation urbaine de 2007 à 2015 par exemple) : les programmes de démolition/réhabilitation se sont modérément souciés des
aspects environnementaux (à la différence des constructions
menées à des fins de relogement/ reconstitution de l'offre hors des
quartiers QPV) et ont pris en compte de manière hétérogène les
autres composantes de ces espaces urbains, le social et l'institutionnel (économique et administratif).
C'est la composante « lieux » qui a été traitée dans un souci -
compréhensible - de changement rapide de l'image de ces territoires. Mais que ce soit à Vénissieux, au Val Fourré à Mantes-la-Jolie
ou encore dans le quartier de Perseigne à Alençon, les observateurs
ont toujours été très étonnés par le sincère attachement des habitants à leurs tours ou barres démolies, par leur rejet des solutions
de relogement dans de l'habitat neuf, aux mêmes conditions de loyer
(grâce à des mécanismes financiers complexes et engageants tant

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