Hors collection - Finances publiques et justice sociale - 133

HASSAN BOuBRIK

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leur aurait probablement permis de dépasser ce coup dur, de sauver leur
entreprise, de reprendre leur activité, de créer des richesses et de l'emploi.
La protection sociale aide par ailleurs, comme je l'ai mentionné, à une
amélioration certaine de la productivité. Je me réfère d'ailleurs à Martin
Hirsh qui a écrit dans un livre paru en 2011 : « La protection sociale est
l'une des plus belles inventions de l'époque contemporaine. elle a autant
transformé le monde que les grandes innovations technologiques, pourtant
nombreuses pendant la même période ».
Sur un plan pratique, la Sécurité sociale fonctionne d'abord comme
une assurance destinée à mutualiser les risques (cas de l'assurance maladie
où, au sein d'une communauté donnée, les membres cotisent en fonction
généralement de leurs ressources pour faire face aux dépenses d'un membre
lorsque celui-ci tombe malade). Mais elle ne se limite pas à cela : le cas de
la retraite (ou assurance vieillesse) s'apparente plus à une épargne forcée
qu'à une assurance reposant sur le principe de la mutualisation du risque,
ce dernier étant un quasi-risque certain. Les allocations familiales, quant
à elles, tiennent plus d'un mécanisme de solidarité au service de la politique familiale. On voit donc que les mécanismes de fonctionnement de
la protection sociale sont divers. Les modèles de protection sociale sont
également pluriels, allant d'un modèle Bismarckien reposant sur des assurances sociales gérées par ou avec les corporations et basées sur des droits
liés au travail, à un modèle Beveridgien (par référence à William Beveridge,
chargé par Winston Churchill de faire des propositions pour la construction d'un système de protection sociale en Angleterre). Son rapport, daté
de 1942, a marqué le lancement d'un modèle de protection sociale universelle, dissocié des droits acquis par le travail et adossé à l'État.
Les financements sont également divers, mais restent en grande partie
basés sur des contributions du travail et, dans certains cas, des contributions mixtes basées sur des contributions assises sur le travail et d'autres
sur la fiscalité (fiscalité liée au revenu de manière plus générale ou à la
consommation).
qu'en est-il alors du financement par le marché ? À mon avis, le recours
à des mécanismes de marché (notamment les assurances) pour les besoins
de protection sociale est nécessaire, notamment au vu des marges de
manœuvres étroites dont les financements publics ou par des systèmes
solidaires disposent. Néanmoins, il me semble que ces dispositifs publics
ou solidaires doivent jouer un rôle primordial dans le financement d'un
socle de protection sociale. Il est vrai que cette notion de socle est difficile
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