Hors collection - Finances publiques et justice sociale - 140

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L'ACtION De L'uNION euROPÉeNNe Au MAROC

Mais si l'on observe bien un large accord de la communauté du développement sur la primauté de ces objectifs, la question du lien entre gestion des
finances publiques et justice sociale renvoi dans ce contexte à un débat aussi
vieux que la notion même d'aide au développement, à savoir, le choix des
modalités à mettre en œuvre et des instruments à mobiliser afin d'atteindre
ces objectifs partagés.
en fait, dès le discours de l'État de l'union d'Harry truman (1949) appelant à la mobilisation de financements et de transferts technologiques pour
la moitié de l'humanité vivant dans la pauvreté, la question s'est posée de
savoir si ceux-ci seraient plus efficacement déployés par le biais de projets
ciblant directement les populations les plus vulnérables, ou dans le cadre
d'une coopération avec les autorités des pays bénéficiaires afin de démultiplier l'impact de leurs politiques de modernisation, notamment en ce qui
concerne les plus pauvres.
Ce débat a été rejoué plusieurs fois au cours des dernières décennies.
Ainsi, à la mise en œuvre d'appuis progammatiques aux politiques d'investissement des pays nouvellement indépendants suivant la théorie du « big
push » de l'économiste Paul Rosenstein-Rodan selon laquelle la solution
pour sortir les pays pauvres de leur « trappe à pauvreté » serait d'y investir
massivement via l'aide internationale, a succédé une approche favorisant
la mise en œuvre de projets formulés en concertation avec les populations
bénéficiaires durant les années 1970. Approche elle-même remplacée au
cours des années 1980 par les politiques d'ajustement structurel privilégiant
l'amélioration de l'efficacité des politiques publiques dans l'allocation des
ressources - généralement définies en termes économiques.
Aujourd'hui encore, le débat qui fait rage autour des expériences randomisées, rendues populaires par l'économiste esther Duflot, renvoi à cette
même problématique : est-il préférable d'intervenir dans le cadre de projets
ciblés dont on peut maîtriser la mise en œuvre et - grâce aux expériences
randomisées - mesurer l'impact avec précision pour en encourager ensuite
la réplication ou, au contraire, de contribuer à améliorer l'environnement et
les politiques globales d'un pays ou d'une région afin d'y favoriser l'émergence de dynamiques endogènes à mêmes de réduire la pauvreté et/ou
d'assurer plus de justice sociale.
Du point de la lutte contre la pauvreté et les inégalités, la mise en œuvre
de projets présente l'avantage de pouvoir cibler les ressources affectées
sur les plus défavorisés et/ou vulnérables. Par ailleurs, le contrôle de la
conception des projets permet d'adapter leurs objectifs et leurs modalités
d'intervention aux besoins spécifiques des groupes ciblés. enfin, la possibilité de mettre en place des systèmes de comptabilité et de suivi dédiés
permet d'évaluer avec précision les résultats obtenus, mais également de
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