Hors collection - Finances publiques et justice sociale - 47

MuStAPHA SeHIMI

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sa vision des droits humains. Loin de se limiter à cet égard aux aspects
institutionnel et politique, il souligne que si son attention porte aussi sur
les questions sociales c'est parce que celles-ci « constituent la base de la
préservation de la dignité de l'homme ».

II - RENOUVEAU DE LA VISION DU DÉVELOPPEMENT
Mohammed VI mesure plus que tout autre que la lutte contre la pauvreté
relève des logiques humanitaires et caritatives et qu'elle ne constitue pas
en elle-même une aide au développement. Il est sans aucun doute persuadé
en son for intérieur qu'une simple augmentation des crédits n'aurait que
des effets passagers et que son action ne retrouvera son sens que par le
changement des règles du jeu qui entraînent l'inégalité et la pauvreté. Si
dès le départ, il attendait beaucoup des gouvernements dans ce domaine,
il a pu observer pratiquement vingt ans après son accession au trône que
les cabinets bureaucratiques de près d'une quarantaine de membres ne se
distinguaient vraiment ni par l'imagination, ni par l'audace : leur gestion
restait par trop conventionnelle, « classique » ...Il sait que l'infléchissement
de la politique gouvernementale ne pourra porter ses fruits que sur la base
de certaines exigences : celle d'un renouveau de la vision politique du développement et de ses objectifs ; et celle d'un réaménagement des mécanismes
économiques et sociaux qui conditionnent la réalisation de ces objectifs,
en particulier ceux qui peuvent être créateurs d'inégalité et de pauvreté.
Sa Majesté Mohammed VI a certainement une claire conscience de ce
qu'il ne faut plus faire : continuer à « gérer » comme par le passé. Il se
veut l'espoir et le bâtisseur d'un Maroc nouveau, d'une vision autre, décapante, globale aussi du modèle de développement. Il n'ignore pas que cette
approche doit être globale dans ses composantes ; que cette redéfinition ne
peut être purement économique voire comptable ; qu'elle ne peut pas non
plus se fonder sur une dissociation des dimensions économique, sociale
et culturelle ; et qu'il convient donc de reconstruire la cohérence entre
toutes ces données. une cohérence capable de fonder une action politique
compensatoire - ce qui serait à cet égard la meilleure des hypothèses - en
faveur du « développement social » et des exclus (femmes, jeunes, ruraux,
handicapés...) et non pas des mesures partielles, des « ambulances » sur le
champ de bataille économique.
que cette vision du développement soit nécessairement politique, voilà
qui n'est guère contestable, elle concerne le choix des finalités du progrès
social et elle implique des arbitrages entre diverses conceptions en présence.
Les choix de finalités intéressent la nature même des besoins à satisfaire en
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