Hors collection - Finances publiques et justice sociale - 97

LAuReNt SAINt-MARtIN

professionnelle (donc à une vie sociale, donc à une vie en société) qu'il n'a
pas choisie, et face à laquelle il ne peut pas grand-chose pour inverser le
cours de l'histoire. Alors quelle serait la solution ? Soit augmenter les
revenus au maximum de ces personnes-là en espérant qu'avec un petit peu
moins d'inégalités de revenus ça ira mieux, c'est une option loin d'être
idiote. Soit on s'efforce à ne considérer que l'inégalité de destin et prendre
tous les sujets à la racine et essayer de résoudre toutes les inégalités à la
racine ; donc l'éducation, la formation professionnelle, la santé, sont les
piliers des secteurs où investir massivement pour réduire les inégalités de
destin. Donc les prochaines générations ne doivent pas avoir à se dire « je
pars avec du retard », c'est l'objectif ultime qu'il faut se fixer quand on fait
aujourd'hui une politique telle que nous avons l'ambition de la faire.
Récemment le président de la République a annoncé les plans pauvreté et
santé : voilà des exemples qui vont vous parler par rapport à ce qu'est
l'action de repenser à la base les inégalités de destin, et à essayer de trouver
des solutions purement budgétaires pour les plus démunis. Sur le plan
pauvreté : nous faisons un investissement de 8 milliards d'euros sur 4 ans,
qui s'ajoutent à tout ce qui est aujourd'hui compris dans le budget. Cela
se traduit par un investissement dans la petite enfance - mesure tout à fait
complémentaire de ce qui a été fait depuis l'an dernier sur le dédoublement
des classes de CP en réseau d'éducation prioritaire (ReP) et ReP+, c'està-dire moins d'élèves pour un instituteur, et cela marche - avec davantage
de places en crèche pour la petite enfance. Pour ce qui concerne la formation pour les jeunes, nous instaurons l'obligation d'avoir une formation
jusqu'à 18 ans. Nous simplifions aussi le système des prestations sociales
pour lutter contre le non-recours, qui est quelque chose dont on ne parle
pas assez. Il faut insister et rappeler que sur une aide française comme le
revenu de solidarité active (RSA), il y a 30 % de non-recours, c'est considérable. La problématique de la dépense sociale de justice n'est pas
seulement se demander « est-ce qu'une personne a droit ou pas à l'aide ? »,
mais une fois qu'elle y a droit « est ce qu'elle la perçoit effectivement ou
non ? est-elle au courant de l'existence de cette aide ? ». Donc, en premier
lieu, nous simplifions les aides pour les plus démunis pour au moins que
tout le monde sache ce à quoi ils ont droit. en somme, agissons sur la petite
enfance, la formation et pour mieux simplifier les aides sociales. Autant
d'exemples d'inégalités de destin sur lesquelles on peut travailler. Pour ce
qui concerne le plan santé : quand on met 400 millions d'euros en plus sur
le plan santé, ce ne sont pas les moyens qui comptent, même si c'est toujours
important, c'est ce qu'on en fait, et si cet investissement qu'ils vont
permettre de repenser le système. Aujourd'hui en France, à peu près 30 %
du temps de consultation chez un médecin généraliste n'est pas un acte
médical. et dans le même temps, nous avons un problème qui n'est pas

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