544 Les populistes à l'assaut des démocraties libérales Pour y remédier, nous devons faire vivre le souci libéral d'équilibre des pouvoirs et consolider le bon gouvernement. Après tout, le propre d'une démocratie est que les adversaires s'affrontent dans des procédures au lieu de se faire la guerre comme des ennemis. L'âme d'une société démocratique est plurielle, hétérogène, conflictuelle et, pour cela même, doit être liée et ancrée par le droit. Ce qui n'exclut pas qu'elle puisse se défendre. Toutes les constitutions prévoient l'usage de pouvoirs d'exception à cette fin comme si elles introduisaient dans nos institutions un protocole vaccinatoire pour mieux échapper au virus autocratique. Songeons aux articles 15 et 17 de la Convention européenne des droits de l'homme qui autorisent les États à suspendre provisoirement telle liberté ou garantie « en cas de danger public menaçant la vie de la nation ». Sage précaution qui anticipe les errements inhérents en période de trouble. Mais tout autre chose est le retour à la paix. Là encore la fresque de Lorenzetti est riche d'enseignements : dans le Bon Gouvernement (à l'opposé du Mauvais), on ne vainc pas la peur par la sécurité (Securitas) ou la force (Fortiduno) ; au contraire, le lien de sécurité passe par Iusticia qui seule permet d'accorder les hommes entre eux malgré l'adversité. Tant il est vrai que le peuple n'est pas une identité perpétuellement menacée mais une entité toujours à construire parce que nul ne peut l'incarner. Novembre 2019 978-2-275-07148-0__DOCFILE__9782275071480.indd 544 04/02/2020 07:52:53