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Le patrimoine culturel immatériel

publique, est chargé de revoir les textes et la traduction de tous les
morceaux qui seront adressés au ministre de l'Instruction publique,
de désigner tous ceux qui devront être admis dans le Recueil général
des poésies populaires de France, de les mettre en ordre, en les
accompagnant de tous les commentaires propres à en constater la
valeur aux différents points de vue de l'histoire du pays, et de celle
de la langue française et des idiomes locaux de la France1 ». Au-delà
du strict contexte ethnographique, l'enquête Fortoul qui s'est déroulée de 1852 à 1876 constitue l'une des premières manifestations institutionnelles de la mise en valeur d'identités culturelles et pose de
ce fait la question de ses relais culturels, notamment des sociabilités savantes fondées à structurer, à restituer ces nouveaux patrimoines. Par ailleurs, en 1878, s'ouvre à Paris le musée du Trocadéro. Celui-ci a pour ambition d'être le « musée des mœurs de
toutes les nations ». Il s'agit d'un musée exposant à titre principal
des objets issus des colonies françaises. En 1884, on inaugure dans
ce musée la « salle de France » qui fermera en 1928. Il s'agit de la
première tentative, en France, d'établir un musée du folklore.
En 1937, le projet est relancé sous le gouvernement du Front populaire, par l'action du ministre de l'Éducation nationale et des BeauxArts, Jean Zay. La direction du projet est confiée à Georges Henri
Rivière. Le musée national des Arts et Traditions populaires a pour
mission, outre la formation et la conservation de collections, la
recherche dans le domaine du folklore, entendu au sens large,
c'est-à-dire recouvrant, selon les directives officielles de l'époque,
la culture matérielle et l'ensemble des traditions. En fait, le nouvel
établissement n'est pas une création ex nihilo. Il prend la suite de la
« salle de France » au sein du musée d'Ethnographie, devenu luimême, précisément en 1937, le musée de l'Homme2. Ce patrimoine
vivant peut être investi ethnologiquement sous un double enjeu. La
perspective statique tente de sauver les vestiges menacés d'une
société tandis que la perspective dynamique propose que les objets
étudiés soient traités comme l'expression contemporaine des
1. Bulletin administratif de l'instruction publique, t. 3, nº 33, sept. 1852, p. 300-302. Cette institution, composée de trois sections, philologie, histoire et archéologie, était l'héritière du
comité des travaux historiques et scientifiques créé par François Guizot en 1834 et réorganisé en 1851 par Hippolyte Fortoul.
2. V. RIVIÈRE G. H., « Les musées de folklore à l'étranger et le futur musée français des arts
et traditions populaires », Revue de folklore français, nº 2, 1936, p. 58-71 ; CUISENIER J.,
« Que faire des arts et traditions populaires ? », suivi de AUGE M., « Esthétique et fonction
sociale. Remarques sur l'article de Jean Cuisenier », Le Débat, nº 65 (1991), p. 150-165 ;
NOËL M.-F., « Du musée d'ethnographie du Trocadéro au musée national des Arts et Traditions populaires », in CUISENIER J. (dir.), Muséologie et Ethnologie, Éditions de la Réunion des
musées nationaux, 1987, p. 144-145.

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