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Le patrimoine culturel immatériel

Le patrimoine culinaire s'est enrichi au fil du temps d'une reconnaissance officielle lors de l'attribution en 2010 par l'Unesco du
label pour le repas gastronomique des Français35. Dans l'optique de
l'Unesco, la dimension identitaire de la culture est antagonique
d'une recherche de valorisation économique de l'élément inscrit.
C'est un repas festif, populaire et ritualisé qui a été inscrit et non la
gastronomie française comme cela avait été envisagé à l'origine36.
Le terroir est un creuset d'identités culturelles symbolisées par la
délivrance de ces labels. Ces labels témoignent in fine des formes
de socialisation, des manières et rites d'incorporation de produits
qui structurent les liens, les hiérarchies et les célébrations d'une
communauté. Dans leur environnement social et culturel, plusieurs
fiches du patrimoine culturel immatériel français renvoient en outre
au label « Ville ou Pays d'art et d'histoire » : Moissac est consacré
par un tel label depuis 2012. L'imprécision des critères d'obtention
du label « Ville d'art » initié en 1967 conduit à sa reformulation
« Ville ou Pays d'art et d'histoire » en 1985. Il ne s'agit plus d'une
simple action touristique mais de prôner un développement culturel
articulé autour de territoires qui visent à favoriser les intercommunalités. Ce label favorise l'élaboration d'un territoire de projet entre
plusieurs collectivités territoriales. Ainsi que le rappelle Nicolas
Navarro : « À l'échelon local, c'est donc moins une dimension de
labellisation qui est mise en œuvre que celle d'un projet politique de
territoire. L'analyse lexico-sémantique de la circulaire de 2008 montre le rôle prépondérant consenti au mot "territoire", à la fois
comme actant et comme acté. Cela signifie que dans cette circulaire, le territoire est à la fois le sujet et l'objet de l'action37 ». Si le
label n'influe pas directement sur la mise en œuvre de protections
patrimoniales, il rentre tout de même en résonance avec elle. Ces
savoir-faire territorialisés peuvent bénéficier d'un paysage de qualité
au titre du label « Paysage de reconquête » décerné depuis 1992 par
le ministère de l'Environnement. Une telle politique soutient des
paysages considérés comme remarquables tant par leurs valeurs
esthétiques et culturelles que par les productions associées. La
stratégie retenue est de distribuer des subventions au travers de
l'attribution du label qui reconnaît et encourage la qualité de
35. V. GOFFAUX CALLEBAUT G. (dir.), Droit(s) et gastronomie, Mare & Martin, 2018.
36. V. TORNATORE J.-L., « Retour d'anthropologie : le repas gastronomique des Français. Éléments d'ethnographie d'une distinction patrimoniale », Ethnographiques.org juill. 2012,
nº 24.
37. NAVARRO N., « Le label "Ville et Pays d'art et d'histoire" en France : une double opérativité
symbolique du patrimoine », Communiquer 16 2016, paragraphe 44, p. 51-64.

http://www.Ethnographiques.org

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