La IVe République régime durant des années. Et que dire de l'incapacité à sortir de l'enlisement de la guerre d'Indochine et de maîtriser la crise algérienne ? Le Parlement ne décide plus et abdique ses pouvoirs au profit d'un exécutif lui-même incertain de ses lendemains. Les parlementaires abandonnent de plus en plus l'initiative des lois et surtout les décrets-lois font une réapparition en force en dépit de l'interdiction formelle posée par l'article 13 de la Constitution. Plus inconstitutionnels encore qu'auparavant ils sont aussi plus nombreux ; leurs domaines privilégiés sont l'économie, le social, le fiscal. Avoir voulu les interdire était d'ailleurs une erreur, la multiplication des interventions de l'État ne peut être prise en charge dans sa totalité par le Parlement ; s'opposer à l'extension du domaine réglementaire, c'est se condamner à l'immobilisme. On devait vite le comprendre puisqu'une loi du 17 août 1948 - préfigurant les articles 34 et 37 de la Constitution de 1958 - devait tenter d'alléger la tâche du Parlement en définissant des domaines réglementaires par nature, c'est-à-dire ouverts à l'exécutif sans intervention du Parlement. 624. Dans ses dernières années l'échec du régime est mis au compte de l'inadaptation des institutions. Nombre d'hommes politiques sont convaincus de la nécessité de réviser la Constitution. Les propositions de révision ne manquent pas et F. Gaillard, alors président du Conseil, parvient même à faire adopter par l'Assemblée un projet assez ambitieux le 21 mars 1958, mais le Conseil de la République n'a pas le temps de l'examiner avant que le régime ne soit emporté. 391