Bibliothèque de droit de l'urbanisme et de l'environnement - Tome 18 - Le passif environnemental de l'entreprise - 10

X

LE PASSIF ENVIRONNEMENTAL DE L'ENTREPRISE

Mais le courage eût été vain s'il ne s'était pas accompagné d'un souci pédagogique de tous les instants. L'auteure est consciente qu'elle nous entraîne sur des
chemins escarpés, réputés difficiles, comme elle est consciente qu'elle se propose
de guider deux colonnes qui n'ont pas les mêmes pratiques, ni la même expérience
de terrain. Amatrice de randonnées en montagne, elle prend alors soin d'assurer
chaque prise en rappelant, dans un langage accessible à tous, les grandes catégories
du droit comptable qu'elle entend mobiliser pour montrer, dans un premier temps,
que le concept de « passif environnemental », tel que le droit comptable en rend
compte, rend possible l'identification du risque que l'entreprise fait courir à l'environnement et qu'en conséquence elle doit porter. L'approche ne demeure pas seulement conceptuelle et l'auteure veille à la faire vivre en s'intéressant à ce moment
si particulier de la transmission de l'entreprise, lorsque la répartition contractuelle
des risques implique une parfaite connaissance de la situation, dont seule une
comptabilité régulière et sincère peut donner une image fidèle, pour reprendre les
termes de l'alinéa 1er de l'article L. 123-14 du Code de commerce.
Mais l'auteure vise plus haut : elle entend démontrer, dans un second temps,
que les potentialités du droit comptable vont au-delà de l'identification du risque
environnemental et qu'elles doivent rendre possible une gestion et une régulation
de ce risque, considéré dans toutes ses dimensions et toutes ses particularités.
Ayant conduit les « environnementalistes » jusqu'à ce plateau, elle va alors à la
rencontre des spécialistes de droit comptable pour les convaincre que la façon
dont ils rendent compte du capital et de ses usages est incomplète et, à certains
égards, paralysante. À côté du capital financier qu'ils maîtrisent parfaitement,
Jennifer Bardy leur propose de donner une traduction comptable au capital
humain et au capital naturel, rejoignant ainsi les travaux les plus avancés de la
doctrine comptable et des sciences de gestion.
En suivant Jennifer Bardy, les lecteurs seront surpris d'avoir atteint ces sommets
sans souffrir, tout en étant conscients des difficultés que le guide a su leur faire franchir. De là-haut, ils découvriront le nouveau paysage en train de se construire et les
efforts qui restent à accomplir pour qu'entreprise et protection de l'environnement
ne soient pas les deux faces antagonistes de la montagne du progrès.
En accueillant Jennifer Bardy dans ses rangs dès après sa soutenance de thèse,
l'Université a fait la preuve que l'audace de certains travaux n'était pas un obstacle
à une carrière universitaire dont il faut espérer qu'elle se poursuivra de la plus belle
des façons. En lui décernant son premier prix de thèse, la Société française pour le
droit de l'environnement (SFDE) a démontré que les mutations contemporaines
du droit de l'environnement étaient pleinement prises en compte par celles et ceux
qui l'ont vu naître et ont permis son extraordinaire développement.
Quant à celui qui a très modestement accompagné cette démarche, il ne peut
que se réjouir d'avoir eu la chance de découvrir cette randonnée en
avant-première !
Gilles J. Martin
Professeur émérite de l'Université Côte d'Azur

978-2-275-07298-2__DOCFILE__corpus.indd 10

20/02/2020 16:47:01
Bibliothèque de droit de l'urbanisme et de l'environnement - Tome 18 - Le passif environnemental de l'entreprise

Table des matières de la publication Bibliothèque de droit de l'urbanisme et de l'environnement - Tome 18 - Le passif environnemental de l'entreprise
