Contextes - Approches culturelles des savoirs juridiques - 18

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La culture juridique : combien de divisions ?	

Ces premières approches puisent aux méthodologies d'autres disciplines
des SHS, dont nos collègues démontrent les potentialités pratiques à l'aune
de leurs propres champs de recherches ; certains sont nouveaux et encore
largement inexplorés, d'autres le sont moins a priori mais sont reconsidérés
par la démarche culturelle qui élargit la perspective. Ces premières contributions apportent la démonstration de l'intérêt pour les juristes d'aller
voir ce que font les autres disciplines dans leur mobilisation des approches
culturelles (histoire des mentalités, sociologie, anthropologie, histoire des
sciences). Elles nous invitent ce faisant à repenser l'articulation des savoirs
dont se nourrit toute démarche scientifique, pour une proposition qui
assume en définitive une approche pluri/inter/trans-disciplinaire sur le
droit30. Pour saisir les processus culturels à l'œuvre dans le monde du droit,
aussi bien que la part du droit dans les différentes cultures31, les auteurs
réunis dans ce volume se rejoignent sur le fait qu'il faut incontestablement
une méthode qui va au-delà de celles habituellement mobilisées dans les
études juridiques32.
Pour démontrer la fécondité de ces approches culturelles, le point d'entrée choisi dans les études réunies ici est celui des savoirs juridiques. Le
terme déborde du cadre de la science du droit (« activité cognitive visant à
donner une représentation du phénomène juridique conforme au paradigme
scientifique adopté »33), dont on sait que la spécificité tient à ce qu'elle n'est
pas que la connaissance de son propre contenu : elle est son contenu même, la
science du droit étant le droit lui-même, animé d'une rationalité propre34. Ce
qui intéressera, c'est le droit produisant des savoirs en même temps qu'il est
lui-même un objet de savoirs35. En sociologie des sciences, la culture désigne
30. On verra à ce sujet la distinction posée par F. Ost entre pluri (ou multi) disciplinarité,
transdisciplinarité et interdisciplinarité ; V° « Science du droit », Dictionnaire encyclopédique
de théorie et sociologie du droit, op.cit., p. 543.
31. L. Rosen, op. cit., p. 5 : « Law does not exist in isolation. To understand how a culture
is put together and operates, therefore, on cannot fail to consider law ; one cannot fail to
see it as a part of culture ».
32. Elles et ils assument donc, ce faisant, une forme d'indiscipline qui les pousse à franchir
les barrières disciplinaires pour aller voir ce que font les autres, au risque de se voir reprocher
de ne pas payer les « droits de douane épistémologiques » ; E. Neveu, « Les voyages des
cultural studies », L'Homme. Revue française d'anthropologie, 2008, pp. 187-188. Comp.
D. Pumain, « Cumulativité des connaissances », Revue européenne des sciences sociales,
XLIII/131, 2005 (La cumulativité des savoirs en sciences sociales).
33. V° « Science du droit », Dictionnaire encyclopédique de théorie et sociologie du droit,
op. cit., p. 540.
34. P. Moor, « Savoirs juridiques et savoirs sur le droit », Revue européenne des sciences
sociales, XLIII/131, 2005, pp. 13-22 ; dans le même volume, voir aussi G. Timsit, « La
cumulativité des connaissances dans le domaine de la science juridique » (pp. 81-86).
35. Très intéressante distinction entre savoir et connaissance(s) dans A.-J. Arnaud, « La
transmission du savoir juridique et ses effets politiques et sociaux », Procès. Cahiers d'analyse politique et juridique, 1980-5, p. 37.
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