Contextes - L’histoire de l’édition juridique (XVIe-XXIe siècle) - 107

ANToINe PÉLICAND
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lançant en 1829 dans une telle aventure éditoriale signale, dès la préface, sa
volonté de remédier au manque de connaissance juridique de son lectorat
et le souci d'explicitations (traduction des mots savants, plan adapté aux
praticiens, etc.) ayant guidé sa rédaction :
« Cependant, les matières spéciales sur lesquelles s'exerce cette importante
jurisdiction, se rattachent à toutes les branches de la législation.
Comment donc espérer pouvoir interpréter avec discernement et appliquer
avec justesse les principes et les règles qui les régissent en particulier,
si l'on n'est pas préalablement imbu des notions générales qui gouvernent
l'ensemble ? est- il permis de concevoir qu'un magistrat, quelque bornée
que soit sa compétence, puisse dignement remplir son ministère, s'il est
étranger, non seulement aux définitions des choses qui sont l'objet de la
science des lois, mais encore à celle des termes qu'elle emploie ? Tout cela
n'appartient qu'à la doctrine, et la doctrine ne s'apprend que dans les écoles.
Il serait donc malheureusement à craindre qu'un grand nombre de ceux qui
seraient appelés à remplir les fonctions de juges de paix, n'y apportassent
qu'une partie des connaissances qui leur seraient indispensables, et surtout
si, comme la loi le permet, ils étaient choisis hors de la classe des licenciés
en droit, puisqu'aucun cours n'a été institué pour l'instruction particulière
de ceux qui se destinent à ces honorables fonctions. »8
Au contraire, les professionnels du droit, et particulièrement les avocats,
se sont vite aperçus des potentialités commerciales des publications pour
la justice de paix. Celles- ci n'étaient pas évidentes au départ puisque les
créateurs de la juridiction en 1790 comptaient plutôt l'éloigner du droit et
de la procédure. « Il faut écarter des fonctions de juge de paix l'embarras
des formes et l'intervention des praticiens parce que la principale utilité de
cette institution ne sera pas remplie si elle ne procure pas une justice très
simple, très expéditive, exempte de frais, et dont l'équité naturelle dirige
la marche plutôt que les règlements pointilleux de l'art de juger » indique
ainsi Thouret9
. on compte faire appel à des « habitants des campagnes »,
des « hommes simples » dont le bon sens suffira à combler l'absence de
culture juridique. Cependant, les profils socio- professionnels des juges
de paix élus évoluent rapidement et se spécialisent. Les professionnels du
droit se trouvent sur- représentés dès le milieu des années 179010
ainsi que des revues, comme la Gazette des nouveaux tribunaux dès 1791,
. C'est
8. G. Carré, Le droit français dans ses rapports avec la juridiction des juges de paix, Paris,
B. Warée Aîné, 1829 (3 tomes).
9. Thouret à l'Assemblée nationale le 24 mars 1790 dans le Moniteur universel du
6 avril 1790, p. 67.
10. S. Bianchi, « La justice de paix pendant la Révolution. Acquis et perspectives » in
J.-G. Petit, Une justice de proximité : la justice de paix. 1790-1958, Paris, PuF, Coll. « Droit
et justice », 2003, p. 35-52.

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