Contextes - L’histoire de l’édition juridique (XVIe-XXIe siècle) - 169

PIeRRe- NICoLAS BAReNoT
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L'initiative de Dard est un succès : une deuxième édition du livre sort
des presses dès 1807, et les retours sur l'ouvrage sont dithyrambiques. Dans
le Moniteur du V frimaire an XIII, Lanjuinais, ancien collègue de Dard à
l'Académie de législation, insiste sur la maîtrise du droit romain et du droit
coutumier de l'auteur, et affirme que ce nouveau code va même jusqu'à
suppléer les silences et les oublis de l'œuvre originelle9
. Lors de la séance
du 3 mars 1806, le baron Grenier qui présente l'ouvrage au Tribunat loue
plus particulièrement la pertinence et la concision des annotations, qui en
font un « ouvrage utile »10
, sous- entendu utile aux praticiens. enfin, le code
annoté de Dard possède aussi une dimension pédagogique, mentionnée
par l'auteur dès sa première édition : « Quelque peine que ce travail ait
donné à l'Auteur, il se trouvera récompensé par la satisfaction d'éviter
des recherches aux Jurisconsultes, et de mettre les jeunes gens à portée
de s'instruire »11
. L'« Avis de l'éditeur » à la troisième édition publiée en
1827 rappelle d'ailleurs le succès rencontré par les deux premières itérations
articles, cet ouvrage s'étend toutefois sur 8 volumes et ne correspond donc pas au concept
naissant de « code annoté ». V. G.-J. Favard de Langlade, Conférence du Code civil, avec
la discussion particulière du Conseil d'État et du Tribunat, avant la rédaction définitive de
chaque projet de loi, Paris, Firmin Didot, 1805.
9. J.D. Lanjuinais, le Moniteur, V frimaire an XIII, « Jurisprudence » : « Les citations, autrement
les renvois qui composent cet ouvrage utile, n'ont pas seulement pour but d'éclairer
nos lois nouvelles, et d'en faciliter l'intelligence par le tableau de celles qui les ont précédées
; souvent le fruit de cette conférence sera de suppléer même aux dispositions que le
Code suppose, et qu'on n'a pas cru devoir énoncer, et à celles que les rédacteurs ont pu
oublier dans le propre système de leur travail ». Sur Jean- Denis Lanjuinais (1753-1827)
et son frère Victor (1802-1869), v. récemment les travaux de Y.-A. Durelle- Marc sur le
Corpus Lanjuinais, rendant compte de la progression de l'exploitation scientifique sur un
important fond d'archives relatif à la famille Lanjuinais : https://lanjuinais.hypotheses.org/
(consulté le 3 juillet 2020).
10. Jean Grenier, discours au Tribunat repro. dans J. Mavidal et e. Laurent, Archives
parlementaires de 1787 à 1860 - Recueil complet des débats législatifs & politiques des
chambres françaises imprimé par ordre du corps législatif, deuxième série (1800 à 1860),
Paris, Librairie administrative de Paul Dupont, 1867, tome IX, p. 36 : « L'ouvrage est plus
précieux précisément, parce que ces citations se trouvent sans être accompagnées de raisonnemens
et de discussions. L'auteur y a seulement ajouté sur quelques articles les passages
des savans jurisconsultes, où l'on voit les anciennes maximes du Droit français qui avaient
acquis force de lois ; mais il l'a toujours fait avec la brièveté qu'exige un ouvrage de cette
nature, dont l'unique but est d'indiquer des sources pures, en se contentant de les livrer à
la méditation de ceux qui doivent se pénétrer de notre législation actuelle. Il y a joint une
table de matières qui, par son étendue et son exactitude, peut être regardée comme une
espèce de Dictionnaire raisonné des dispositions du Code Civil. [...] en un mot, c'est un
ouvrage utile ». Sur Grenier, v. notamment J.-L. Halpérin, « Grenier, Jean », P. Arabeyre,
J.-L. Halpérin et J. Krynen (dir.), Dictionnaire historique des juristes français, xiie
Paris, Quadrige, PuF, 1re
- xxe
éd., 2007, p. 385.
11. H. J.-B. Dard, Code civil des Français..., op. cit., p. VI.
siècle,

https://lanjuinais.hypotheses.org/

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