Contextes - L’histoire de l’édition juridique (XVIe-XXIe siècle) - 194

186 L'ÉDITIoN JuRIDIQue CoMMe STRATÉGIe uNIVeRSITAIRe
Parmi les juristes de son écurie, le plus important est sans conteste Jèze :
il y avait publié sa thèse, puis la Revue de science et de législation financières
(à partir de 1903), et il y dirigeait deux collections : la « Bibliothèque internationale
de droit public » et la « Bibliothèque internationale de science et
législation financières » (le tout avec Max Boucard). La maison parie aussi
sur des juristes prometteurs, comme le premier Joseph- Barthelemy ou
Julien- Laferrière. on y trouve aussi Roger Bonnard ou encore ce sémillant
Boris Mirkine- Guetzévitch, et beaucoup de jeunes docteurs voués à un
bel avenir (Charles eisenmann, René Capitant, Georges Burdeau, Marcel
Waline, Henri Dupeyroux...). M. Giard gardera toujours un penchant pour
la gauche républicaine si l'on épluche ses catalogues. Mais les évolutions
juridiques, tout autant que politiques, commandaient une adaptation : les
quelques auteurs engagés qu'elle continue à publier après 1918 sont bien
plus modérés que par le passé de Giard et Brière, ayant occupé même
des places importantes dans le Gouvernement (l'italien Francesco Nitti,
l'ancien socialiste Alexandre Millerand...).
Les liens de Lambert avec son éditeur parisien étaient anciens : il avait
imprimé chez Giard et Brière ses deux thèses de 189316
, puis son livre le
plus ambitieux de la décennie 1900 : La fonction du droit civil comparé
(Études de droit civil comparatif et de droit comparé), de 1903). Il y fait
paraître, naturellement, l'une de ses rares interventions politiques directes,
sa brochure Les Inégalités de Classe en Matière d'Électorat Politique. La
théorie et la pratique de la révision des listes électorales. Les abus et leurs
remèdes. La révision des listes électorales dans le Rhône en 190617
. C'est
donc à Marcel Giard qu'il va confier l'édition de ses collections jusqu'en
1934. en cette année, la maison finit par être rachetée par la LGDJ - les
derniers livres publiés sous son sceau éditorial sont de cette date. C'est par
cette voie, indépendante des décisions académiques, que Lambert intègre la
LGDJ, s'éloignant tout de même d'un éditeur très marqué politiquement,
bien que moins qu'à ses débuts. Rien, à vrai dire, pouvant incommoder le
professeur lyonnais, qui assumait ouvertement cette orientation.
16. Droit coutumier contemporain. Du contrat en faveur de tiers, son fonctionnement, ses
applications actuelles, cession de dette (délégation, cession de portefeuille, cession de bail),
assurance- vie, assurance- accident, contrats d'utilité publique, fondations et La Stipulation
pour autrui, de la nature du droit conféré au bénéficiaire contre le promettant, ensuite, en
1895, De l'Exhérédation et des legs faits au profit d'héritiers présomptifs, le droit de succession
en France, son fondement, sa nature.
17. Le nom de la collection - qui sent la prose de Lambert - est tout un programme :
« L'oppression des humbles par le droit et les méfaits de l'individualisme. essais de Critique
Législative et de Politique Juridique ». Mais nous n'avons pas trouvé les traces d'un autre
ouvrage.

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