Contextes - L’histoire de l’édition juridique (XVIe-XXIe siècle) - 26

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L'HISTOIRE DE L'ÉDITION JURIDIQUE (XVIe
- XXIe
SIÈCLE)
pensée juridique n'a que rarement été prise en compte pour elle- même. À
cette fin, convient- il a priori de ne pas réduire les images à une fonction
purement ornementale ! L'humanisme juridique a mis au point un usage
scientifique de l'image qu'il s'agit de détailler dans toute sa diversité. Les
innovations pédagogiques (diagrammes et arborescence) reprennent la
tradition des arts de mémoire qui servent depuis la renaissance du droit
romain à mémoriser de longues listes de titres, de rubriques, de cas et de
distinctions. D'un point de vue technique, l'insertion d'images dans une
mise en page déjà complexe (texte de référence, glose, gloses interstitielles et
notes marginales) ne va pas de soi. elle exige un financement important, une
expertise variée, des impressions à en- caches qui tiennent compte des cadres
destinés à l'insertion ultérieure de planches, mais aussi des formats particuliers.
L'illustration du droit de parenté ainsi que les arbres de computation
sont alors les lieux privilégiés du déploiement de l'image en droit romain.
D'où les interrogations suivantes : l'introduction de l'image dans le flux du
texte de droit induit- elle une composition tabulaire plutôt que linéaire ?
Le droit possède- t-il une « raison graphique » (Jack Goody) qui lui serait
propre ? Ces types de visualisation argumentative sont- ils spécifiques à
l'édition des textes de droit ? À partir de quand disparaît- elle ? Peut- on
comparer ce type d'images avec d'autres traditions de droit écrit ?
La constitution d'index dans les livres juridiques fut l'un des progrès
majeurs de l'édition juridique des xvie
et xviie
siècles. Ces outils n'étaient
pas seulement un complément éditorial utile, mais la base d'un certain type
de lecture, d'un art du « lire » et, indissociablement, d'une conception du
droit. Quentin epron28
du livre. Les abbayes cisterciennes de France et de Flandres, au xiiie
nous rappelle que les index ont précédé l'invention
siècle,
se firent ainsi une spécialité de la réalisation de tels outils de référence pour
des textes religieux29
. Ces techniques d'indexation ont été ensuite généralisées,
au même siècle, pour servir à l'appréhension des textes théologiques
et juridiques.
À l'âge humaniste, la pratique des index a connu un développement
exceptionnel. L'index est devenu, à la Renaissance, dans certains cas, une
œuvre à part entière (cf. les Adages d'Érasme ou encore les Brevissima
scholia de l'humaniste batave). L'édition juridique fut également, à côté
de celle théologique, un grand domaine de développement de ces outils
(voir le travail méticuleux d'annotations et d'indexation des Corpus juris
28. Q. epron, La manière française du droit. Contribution à l'histoire des méthodes juridiques
de l'Humanisme aux pré- Lumières, thèse de droit, soutenue en 2006 à l'université
Paris II Panthéon- Assas, sous la direction de S. Rials.
29. M. et R. Rouse, « La naissance des index » dans H- J. Martin et R. Chartier (dir.),
L'Histoire de l'édition française, t. 1, Le livre conquérant. Du Moyen Âge au milieu du
xviie
siècle, Paris, Fayard/Cercle de la Libraire, 1989, p. 95-108.
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