Contextes - L’histoire de l’édition juridique (XVIe-XXIe siècle) - 51

XAVIeR PRÉVoST
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Toujours d'un point de vue formel, il serait également possible d'étudier
à grande échelle, la typographie utilisée pour imprimer la loi sous l'Ancien
Régime : les caractères, leurs variations, leurs évolutions ou encore leur
qualité.
Cet élément est étroitement lié à l'illustration des actes royaux imprimés.
La première question à se poser est celle même de l'existence d'illustrations.
en effet, pour la première moitié du xvie
siècle, on observe la disparition
progressive d'images au sein des petits fascicules diffusant les lois du roi.
Très rares semblent les lois imprimées avec de grandes illustrations aux
xviie
siècles, que ce soit un frontispice ou une gravure au sein de
l'ouvrage. Lorsqu'il existe une illustration, celle- ci paraît le plus souvent
se limiter à une petite image figurant en haut de la page de titre ou de la
première page du texte. Il faut alors s'interroger sur la fonction de ces
illustrations. S'agit- il simplement d'embellir le volume, de compléter un
blanc ou d'illustrer le contenu de la loi ou le processus législatif en luimême
? Quels sont les codes mobilisés par les imprimeurs ? Quelles images
servent à symboliser la loi ? observe- t-on des évolutions ou la symbolique
reste- t-elle identique au cours des xviie
et xviiie
et xviiie siècles ? on peut aussi se
questionner sur les types de volume dans lesquels on trouve des illustrations.
Les images sont- elles réservées aux exemplaires de luxe ? Si tel n'est
pas le cas, quelle est la qualité des gravures employées pour illustrer un
fascicule destiné à une diffusion massive, dont l'imprimeur cherche théoriquement
à minimiser le coût de revient pour en diminuer le prix de vente ?
Pour prendre un point de comparaison, les imprimeurs des actes royaux
incunables recourent généralement à des bois anciens, parfois usés, ayant
servi à l'illustration d'autres ouvrages.
La figure de l'imprimeur doit donc elle aussi être interrogée ; et l'on en
vient ainsi à la question des acteurs de l'édition juridique. L'argumentaire
demandait s'ils sont professionnels du livre ou juristes : en matière d'impression
de la loi à l'époque moderne, les deux interviennent ; schématiquement,
les premiers sont les acteurs de l'intervention privée, les seconds ceux de
l'intervention publique. Historiquement, les premiers acteurs de l'édition
des lois sont des particuliers, à savoir les imprimeurs- libraires. À la fin du
xve
et au début du xvie
siècle, les impressions législatives ne sont généralement
pas le fait de la monarchie, mais d'imprimeurs, dont très peu sont aussi
des juristes. D'ailleurs, jusqu'à la création de l'Imprimerie royale en 1640, la
monarchie, en principe, ne se charge pas directement d'imprimer les textes
officiels ; et même après cette date, elle continue à recourir à des imprimeurs
privés. en effet, l'Imprimerie royale n'a jamais bénéficié du monopole
exclusif d'impression des actes royaux. L'étude des recueils factices pourrait
permettre de déterminer avec une plus grande précision le rôle joué par
cette institution. Il y a là un véritable enjeu non seulement d'histoire du
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