Hors collection - Quelles finances locales au Maroc et en France dans un monde en mutation ? - 235

Najib akesbi 227

à beaucoup d'aéroports européens, vous avez ensuite traversé de larges et
belles avenues, luxueusement éclairées et généreusement bordées d'espaces
verts, vous avez peut-être fait un tour du côté de la somptueuse corniche
de Rabat, emprunté la fastueuse gare ferroviaire de Rabat-Agdal... Ce sont
certes des infrastructures, mais certains ajoutent « de devanture », disons
sobrement qu'elles apparaissent pour le moins « décalées » dans un pays où,
faut-il le rappeler, le PIB par tête dépasse à peine 3 000 dollars. En tout cas
le « décalage » apparaît encore plus marquant lorsqu'il vous arrive de quitter
ces belles avenues de quelques centaines de mètres et de vous retrouver dans
des rues dont l'état de la chaussée, l'éclairage, l'assainissement est, allez,
restons sobres, disons... bien différent ! Ce sont pourtant nos réalités et
on ne va pas se les cacher ici.
Car après ce détour par les belles avenues de Rabat, on se retrouve bien
au cœur de notre problématique et de nos interrogations. Ces investissements, qui les ont décidés ? Ces choix, qui les ont faits ? Au nom de qui et
pour qui ? On a parlé ce matin des fameuses Sociétés de développement
local, cela a été la trouvaille précisément. Les élus étant « incompétents »,
les communes dépourvues de moyens, eh bien qu'à cela ne tienne ! On
a trouvé la solution, et ce sont les Sociétés de développement local...
Personnellement, je n'ai a priori rien contre ces outils de développement.
Là où cela me pose problème, c'est quand je constate que ce sont des
structures qui n'ont été élues par personne, exécutent des programmes qui
n'ont été validés par aucun élu, agissent dans l'opacité totale, et n'ont de
compte à rendre à personne... Pire, je peux vous dire que non seulement
les citoyens, mais même les élus communaux, ne sont même pas au courant
des programmes d'aménagement qui sont pourtant en train de se réaliser au
quotidien, sous leurs yeux. Aucun élu n'est capable d'expliquer au citoyen
qui l'interpelle le quoi, le pourquoi et le comment de travaux publics qui
sont pourtant et à tout le moins en train de gêner sa mobilité dans sa ville.
Vous voyez, on n'en est pas à la discussion des choix effectués, mais juste
au niveau du simple « droit à l'information » (qui est, au demeurant, inscrit
dans la Constitution... encore un décalage entre les textes et la pratique,
mais passons !).
Bref, on voit bien là qu'on a un gros problème de déficit démocratique, et que les choix qui peuvent ainsi en découler peuvent être lourds
de conséquences. Un exemple concret de ces conséquences ? Je vous en
donne encore un, que chacun peut aisément vérifier en sortant d'ici et en
sillonnant les grandes artères pas très loin d'ici. Il faut d'abord seulement
garder à l'esprit que, avec 650 à 700 m3 d'eau par tête, on est dans un pays
qui souffre de stress hydrique aigu, et qu'on n'est même guère loin de la
situation de pénurie hydrique (située à 500 m3). Eh bien, figurez-vous que
c'est dans ce pays que vous pouvez constater à quel point, ces derniers

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