Contextes - Penser l'ancien droit public - 168

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Les « gens du parlement » sont- ils des parlementaires ?
anglais. Certains dictionnaires du xviie
, ni le Dictionnaire étymologique de Gilles Ménage38
siècle continuent, cependant, encore, à
ou encore le
,
l'ignorer. Ni le Thrésor de la langue française de Jean Nicot (il est, certes, encore
un peu tôt)37
Dictionnaire françois de Pierre Richelet, dans sa première édition de 168039
ne comportent d'entrée « parlementaire ».
Les lexicographes du xviiie
siècle, du moins là encore, ceux qui prennent
soin de distinguer le terme, adoptent également la définition partisane héritée
du siècle précédent, avec, cependant, quelques additions qui en étendent le
champ d'application. Le dictionnaire de Trévoux se contente de reprendre
Furetière avec le simple ajout d'une locution latine sans grande portée40
. En
revanche, dans le Dictionnaire critique de la langue française de Jean- François
Féraud, l'opposition politique propre à la dénomination de « parlementaire »
gagne en envergure : elle ne s'illustre plus seulement du côté anglais mais,
désormais, également en France. « Parlementaire : qui est du parti du Parlement
contre la cour. Il se dit surtout des troubles d'Angleterre sous Charles Ier
. Le « parlementaire » n'est donc plus néceset
du
tems de la Fronde en France »41
sairement anglais42
, mais il reste lié à une faction en conflit avec la royauté.
C'est ce que retient l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, qui, sans viser
directement les frondeurs insiste sur l'idée d'affrontement : le « parlementaire »,
« c'est dans les troubles de l'état [sic] celui qui est attaché au parti du parlement
contre celui de la cour » et d'opposer ensuite la « faction des parlementaires et
la faction des royalistes »43
.
37. J. Nicot, Thrésor de la langue françoyse tant ancienne que moderne, Paris, D. Douceur, 1606.
38. G. Ménage, Dictionnaire étymologique de la langue françoise, Paris, J. Anisson, 1694. Là
encore, la définition n'évolue pas dans l'édition de 1750.
39. P. Richelet, Dictionnaire françois, Genève, J. H. Widerhold, 1680. Le terme figure, en
revanche, dans l'édition d'Amsterdam de 1706 (et ensuite dans celle de 1732) : « Parlementaire s. m.
C'est celui qui tient le parti du Parlement. Ce mot ne se dit qu'en parlant de ceux qui ont suivi le
parlement d'Angleterre qui étoit oposé au Roi ».
40. « Parlementaire - Qui est du parti du Parlement. Curiae supremae sectarius. Il ne se dit guère
qu'en cas de trouble ou de revolte, quand il y a un parti formé du Parlement contre celui du Roi.
Les Parlementaires d'Angletère », Dictionnaire universel françois et latin, Trévoux, E. Ganeau, 1704 ;
aucune modification de la définition dans les éditions successives jusqu'en 1771.
41. J.-F. Féraud, Dictionnaire critique de la langue française, Marseille, J. Mossy, 1787-1788.
Dans l'exemple qu'il joint à sa définition, Féraud évoque « La faction parlementaire : le parti, l'armée
des parlementaires ».
42. On notera que dans certains dictionnaires, il le reste : v. Le grand dictionnaire françois, Paris,
C. Panckoucke, 1767-1774, t. 21, p. 78 : « Parlementaire, substantif. On a ainsi appelé pendant
les divisions de l'Angleterre quiconque tenoit le parti du parlement contre le roi. La faction des
Parlementaires ».
43. « Parlementaire - s. m. C'est dans les troubles de l'état celui qui est attaché au parti du parlement
contre celui de la cour. Alors il s'agit des intérêts de la nation que le parlement et le roi veulent,
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