Contextes - Penser l'ancien droit public - 172

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Les « gens du parlement » sont- ils des parlementaires ?
quoi le roi leur répond en des termes similaires. Dans leurs propres plaidoyers,
les avocats aux parlements de la seconde moitié du xviie
siècle et du siècle
suivant adoptent le même vocabulaire duquel les « parlementaires » sont
absents au bénéfice de « Messieurs du Parlement », des « souverains magistrats
du Parlement », des « officiers du Parlement » ou de tel ou tel « conseiller du
Parlement »59
, Gabriel Argou61
ou Claude Fleury62
Maximes du droit public françois63
. Même constat de carence chez les historiens du droit et des
institutions des derniers siècles de l'Ancien Régime : rien, par exemple, chez
Jean Le Laboureur60
ni même dans les
tions essentielles du Parlement de Louis Adrien Le Paige64
comme « l'âme et le scribe de la cause parlementaire »65
lorsqu'il se fait l'historien du parlement de Paris66
.
Finalement où entend- on parler de « parlementaires » au xviie
xviiie
et au
siècle ? Moins dans les sources juridiques et judiciaires que chez les mémorialistes,
chroniqueurs et autres épistoliers, dont certains peuvent, certes, être
des avocats ou des magistrats. Tout commence au milieu du xviie
siècle avec
les bruits venus d'Angleterre. On l'a vu, ce serait en 1644 que le mot fait son
apparition pour désigner les sujets révoltés du monarque anglais. Et, c'est dans
ce sens qu'on le retrouve dans de nombreux mémoires du xviie
siècle : ceux
59. On peut ici citer, entre autres, Les Plaidoyez de Monsieur Gaultier, avocat au Parlement, Paris,
T. Girard, 1688 (dont les derniers datent des années 1650-1660, v. D. Dutton, Le Plaidoyer de l'âge
classique : Olivier Patru, Antoine Le Maistre et Claude Gaultier, Paris, L'Harmattan, 2007) ; Plaidoyez
de Mr*** (Claude Erard), avocat au Parlement, Paris, J. Le Febvre, 1696 ; Plaidoyers et autres œuvres
de François- Pierre Gillet, avocat au Parlement, Paris, G. Martin, 1718 ; Recueil de mémoires, factums et
harangues par Monsieur de Sacy, advocat au Conseil, l'un des Quarante de l'Académie Françoise, Paris,
P.-J. Bienvenu, 1724 ; Œuvres de feu Me
Mathieu Terrasson, écuyer, ancien advocat au Parlement
contenant plusieurs de ses Discours, Plaidoyers, Memoires et Consultations, Paris, J. de Nully, 1737 ;
Œuvres de feu M. Cochin, écuyer, avocat au parlement contenant le recueil de ses mémoires et consultations,
Paris, Herissant, 1771-1775...
60. J. Le Laboureur, Histoire du gouvernement de la France ; de l'origine et de l'autorité des pairs
du royaume et du parlement, La Haye, aux dépens de la Compagnie, 1743.
61. G. Argou, Institution au droit français, Paris, J. Mariette, 1730, 2 vol.
62. C. Fleury, Droit public de France, publié par J. B. Daragon, Paris, Vve Pierres, 1769, 2 vol.
63. C. Mey, Maximes du droit public françois, Amsterdam, M.-M. Rey, 1775, 6 vol.
64. L. A. Le Paige, Lettres historiques sur les fonctions essentielles du Parlement, sur le droit des pairs
et sur les loix fondamentales du royaume, Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1753-1754.
Le Paige parle du « parlement » ou des « parlemens », des « magistrats du Parlement », des « membres
du Parlement », des « juges du Parlement » comme des « sénateurs et conseillers ».
65. C. Maire, De la cause de Dieu à la cause de la Nation. Le jansénisme au xviiie
siècle, Paris,
1998, p. 404.
66. Voltaire, Histoire du parlement de Paris, Londres, s.n., 1773. On peut noter aussi que dans le
Dictionnaire philosophique portatif, le « parlementaire » n'apparaît qu'en référence au modèle anglais
de la première guerre civile (Londres, s.n., 1764, vo
Destin, p. 165).
; rien dans les Lettres historiques sur les fonc,
volontiers présenté
, ni même chez Voltaire,
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